La peinture, comme la sculpture, le dessin, la photographie, devrait être dite, comme les autres choses, silencieuse. Et Nicolas Poussin, de le rappeler en affirmant que son métier n’était pas d’écrire mais de peindre, et Jean Galard précise que celui-là se désignait ainsi : “moi qui fais profession de choses muettes”.
Mais les œuvres visuelles se taisent parce que, aussi et peut-être, ce qu’elles pourraient avoir à dire, elles préfèrent le garder secret, ou le dévoiler à mots couverts.
Ce livre entreprend une brève exploration, “sans doute plus aléatoire et aventureuse que méthodique, des différents motifs pour lesquels les œuvres d’art, d’époques et de provenances diverses, appellent aujourd’hui, ou non, un minimum de commentaire. Preuve qu’il n’est pas inutile de connaître la date d’une œuvre, de son titre, de son époque, le nom de l’auteur et de ses intentions, de sa place convenue dans l’histoire de l’art.
De plus l’auteur se demande s’il existe des œuvres qui ne requièrent aucune information préalable à leur compréhension, à leur appréciation.
Et si Poussin dit qu’il fait profession de choses muettes, il est nécessaire à un essayiste de n’être ni silencieux, ni muet. Encore faut-il être, comme Galard, doté de la faculté de la parole quitte “à s’en trouver privé par accident ou s’en abstenir momentanément”.
Et ce, pour approcher mentalement dans une oeuvre du mutisme plutôt que du silence.
Il s’agit aussi d’interroger la façon dont la parole écrite peut tenter d’entrer, malgré tout, en dialogue avec les œuvres d’art. Car si elles ne répondent pas lorsque nous nous adressons à elles, elles ne condamnent en rien à un silence sans issue et sans nom.
jean-paul gavard-perret
Jean Galard, Conversations avec les choses muettes, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2023, 192 p, — 20,00 €.