Se voulant simplement humain, Bourçon néanmoins se dédouble — ou se multiplie. Certes,il souligne ses — possibles — manques (entre autre celui de chasser le ciel autour de la terre). Et si son passé le regarde “dans le blanc des yeux”, il sait faire soudre la vie même si elle peut sembler à l’étroit dans son corps.
Connaissant “l’absence de savoir vivre / des morts qui s’imposent / sans être invités”, comme les oiseaux, le poète va picorer les étoiles et ce qui taraude sa pensée. Dès lors, elles demeurent jusqu’au fond de la nuit de l’âme à la lumière si bien que jaillit de l’intime pour essaimer dans l’ “extime”.
D’où, dans cette Mélancolie des confins, quelque chose d’alchimique — à savoir, la conquête de l’Absolu ici-même, ici-bas. Le feu qui fait souffrir la matière des coeurs ouvre des galeries, laboure les surfaces de ses flux.
La matière du corps y résiste dans le recyclage perpétuel du vivant contre la mort et, au sein de l’alternance du calme et de la tempête, des décompositions et des recompositions.
jean-paul gavard-perret
Michel Bourçon, Mélancolie des confins, Gros Textes, Fontfourane, février 2023, 58 p.- 8,00 €.