L’auteur fait ici le vide, autant de l’âme et “du sac merdeux de l’ego” comme des “matières assidues” plus ou moins répertoriées.
Et c’est ainsi que, progressivement, un certain brouillard de l’être peut se lever. Histoire de se retrouver “à l’endroit, à l’envers” là où le livre boit toute la poussière “comme il sait le faire avec ses pensées”.
Le but est de faire par les mots un retour au silence — et c’est là une des manies de la poésie du temps. Mais, à l’inverse d’un Michel Dunand ou d’un Antoine Emaz qui tente de s’en rapprocher par un effacement progressif du langage, Sampiero reste le tenant d’un long murmure et de diverses éclosions.
C’est là une posture esthétique qui séduira le lecteur car, au lieu de s’étendre, le silence miaule à qui mieux mieux. Preuve que les mots ni ne pourrissent, ni ne sèchent, ni se désagrègent.
Et tout compte fait, c’est une manière de relever la nuit lorsqu’elle tombe. Et qu’importent si les morts ne sont pas fatigués : ils nous tiennent chaud pour que tout dure encore un peu.
jean-paul gavard-perret
Dominique Sampiero, Inventaire du vide comme neige et fleurs non répertoriées, Editions de Corlevour, janvier 2023, 140 p. — 18,00 €.