Stéphane Sangral, L’individuité ou la guerre

Inno­va­tion dans les dispositifs

A par­tir d’un point de départ où il sem­bla acculé: “Je suis un laby­rinthe, et j’y suis enfermé, / et ses tours et détours me des­sinent mon moi, / et je rêve de fuir, et je suis enfermé / dans ce rêve, et par­fois, l’esprit au bord de moi”, jouant de la phi­lo­so­phie par la poé­sie et vice-versa, Sté­phane San­gral invente ou invite à le faire un autre ave­nir pour notre humanité.

Le tout et d’abord par un dépla­ce­ment qui per­met­tra un tel accès. Dans son livre somme, il pro­pose le bas­cu­le­ment de l’individualité vers l’indi­vuité qui fut d’abord pour lui “un lieu pour rêver le bout du che­min”.
Mais il sort ici de ce qu’il estime désor­mais une absur­dité mes­sia­nique fruit d’une théo­lo­gie moins que d’une phi­lo­so­phie et dont le pro­pos n’était qu’un enfantillage.

Dès lors pour libé­rer l’être des tours et détours de l’histoire comme de ses croyances il appro­fon­dit ici ce concept d’ “indi­vuité” dont les contours res­te­ront flot­tant puisqu’il contient en lui une part de liberté.
Un tel livre est magni­fique : sa forme en est suf­fi­sam­ment souple pour dire ce qui tient ici non d’un logos achevé sous forme de traité mais d’un com­men­ce­ment de la désa­cra­li­sa­tion de tout groupe et d’une forme de recon­quête  de tout individu.

Contre le monde de la Bible ou du Capi­tal, où Dieu comme Marx se nomment “Je suis”, San­gral affirme que le monde qui main­te­nant s’ouvrirait à nous, c’est notre “Je suis” qui se nom­me­rait Dieu.
Même s’il existe tout un che­min à par­cou­rir. Le bas­cu­le­ment de la guerre à la paix, de l’individualisme à l’indi­vuité doit tra­vailler bien des couches civi­li­sa­tion­nelles et des don­nées acquises.

Les lour­deurs struc­tu­relles du monde demeurent, et acqué­rir un nou­veau poten­tiel intel­lec­tuel et son dépla­ce­ment passe par bien des trans­ferts. San­gral en donne là des défi­ni­tions, des seg­ments et des voies qui réin­ves­tissent la phi­lo­so­phie dans la praxis là où la notion de plai­sir du “diver­tis­se­ment” veut rem­pla­cer les métho­do­lo­gies céré­mo­nielles : cela ne se fait pas d’un simple coup de dé mais l’auteur refuse de miser uni­que­ment sur le hasard.

jean-paul gavard-perret

Sté­phane San­gral, L’individuité ou la guerre, Gali­lée, jan­vier 2023, 314 p. — 24,00 €.

Leave a Comment

Filed under Chapeau bas, Essais / Documents / Biographies

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>