Sous une dictature néo-libérale…
Les risques, de plus en plus présents, de catastrophes naturelles avec leurs conséquences induites servent de base à de nombreux scénarii. La montée des eaux semblent inéluctable. Elle est une réelle préoccupation par les vagues d’immigrations qu’elle va susciter.
À partir de ce constat, l’auteur place un système politique où le pouvoir est pris par des multinationales qui veulent, malgré l’épuisement des ressources, continuer à exploiter ce qui reste sans retenues. Elles instaurent un système social où les riches se mettent à l’abri, laissant les plus démunis face aux carences et pénuries. Elles mettent en place une sorte de confinement, des zones interdites d’accès sans des autorisations difficiles à obtenir.
Le rôle d’héroïnes est dévolu à deux adolescentes, l’une issue d’une lignée d’activistes, d’opposants, l’autre ayant un passé restant à découvrir. Toutefois, l’attitude de cette dernière est ambiguë.
Suite à des vagues océaniques géantes qui changent la face de la planète, des émeutes ont éclaté, les gouvernements impuissants ont disparu. Un ordre social nouveau s’est installé et des barrages géants sont construits pour protéger les villes et les plus riches.
Une femme et sa petite fille fuient une menace. La fillette ne peut plus courir. Sa mère la cache dans un gros conduit et fait face. Identifiée comme rebelle, elle est assassinée par ses poursuivants. Atari, est empêchée de faire une bêtise par Iaia qui la recueille.
Devenue adolescente, Atari ne supporte plus les contraintes de Systèma, cette dictature néo-libérale, et se rapproche de groupes révolutionnaires. C’est ainsi qu’elle intègre La Goutte, une cellule d’opposition clandestine qui ambitionne une action d’éclat.
Atari emménage dans un squat et fait la connaissance de sa voisine, une adolescente comme elle, qui lui semble excentrique.
Quand Atari doit hacker un robot filtrant l’eau de l’océan, leur action échoue car quelqu’un coupe l’alimentation électrique. Ils savent que c’est le Renard, un individu insaisissable, qui sabote leurs actions. Et quand Atari se fait voler son sac par le Renard…
Le scénariste installe un groupuscule de révolutionnaires assez hétéroclites, dont les actions restent limitées. La réunion des deux jeunes filles, aussi déterminées l’une que l’autre, va-t-elle faire naître un mouvement d’ampleur pour aller vers plus de justice sociale ?
EFA assure un dessin réaliste et efficace. Avec un trait affirmé, il rend très perceptible le côté tonique et la tension qui sourd des situations dans lesquelles il plonge ses héroïnes. Il les dote de jolies frimousses avec un look moderne.
La mise en couleurs s’allie aux ambiances à faire ressentir, privilégiant des tentes relevant les actions.
Même s’il est plutôt destiné à un public jeune,ce premier album se laisse découvrir avec plaisir pour ses personnages, son contexte et une mise en images classique mais efficace.
serge perraud
EFA (scénario, dessin et couleurs), Nocéan — t.01 : Atari & Tika, Dupuis, coll. “Grand Public”, janvier 2023, 64 p. — 14,95 €.