Un peu de lumière couchée sur un vitrail
Le livre de Jean Frémon se lit avec jalousie et envie. Car l’auteur nous fait partager ses voyages dans l’art et la littérature. Et tout ici est raffiné, par la fluidité de style et les affinités électives. L’auteur sait toujours pour évoquer ses rencontres trouver des anecdotes qui n’ont rien de fortuites.
Toutes font sens comme lorsque Alain Veinstein est remercié de France Culture ou quand l’écrivain évoque les derniers jours de Janis Kounellis.
Nous effectuons en compagnie d’un homme de choix un fantastique voyage auprès de créateurs “tous chercheurs plus que trouveurs” que Frémon a eu la chance de côtoyer au fil de ses nombreuses charges et activités.
Il y a là des Dublinois en déroute (dont Sean Scully) mais pas que et ce, en des portraits qui, comme des dessins de Giacometti, ont de multiples entrées et où tout respire.
L’auteur permettra à certains de découvrir de plus près l’univers d’Etel Adnan ou d’Anne Marie Albiach, de retrouver Beckett chez lequel l’équipe de Frémon fait sauter les plombs et fuir l’auteur de Molloy. Emerge sans y toucher tout un panorama des créateurs d’un temps pas forcément passé et remis en chemin dans ces rêveries d’un promeneur solitaire.
Enfin pas vraiment, puisque les ombres (blanches) des artistes et écrivains vagabondent grâce à son écriture qui ressemble à un peu de lumière couchée sur un vitrail.
jean-paul gavard-perret
Jean Frémon, La blancheur de la baleine, P.O.L, Paris, 2012, 348 p. — 26,90 €.