Le héros de ce roman se définit par son addiction à la douleur entre “extase et agonie, quand la chair est remuée par la démesure”.
Il y est entré comme par une petite porte, sans choc, sans commotion comme si tout, un jour, était sorti d’un abîme originel ou d’une houle venue de loin.
Stupéfié de stupéfiants, perdu dans le dédale de ses visions, le narrateur expose son errance dans la nuit, tentant de trouver le sommeil et, écrit-il, avec comme seule unité de mesure “le kilodouleur”. Le tout à la recherche de sa vérité.
Cette douleur devient à force “un secret mal gardé” à la recherche d’un seul rêve : “ne plus dire et ne plus être dit” et surtout extraire de lui un tel mal incarné.
La fiction nous permet de suivre cette débâcle dans l’espoir que la langue puisse fouiller le corps afin que se rencontre enfin une altérité dans l’espoir, non de retrouver la lumière, mais que “l’ombre demeure sans peine” en offrant à l’imago du narrateur une image qui délivrerait enfin sans condamner.
D’où la puissance d’un tel récit et de sa force évocatrice rare.
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jean-paul gavard-perret
Colin Lemoine, Malgré, Gallimard, coll. Blanche, février 2023, 176 p. — 18,50 €.