Viatique d’indiscipline (L’Ancien), de sel, de givre, de poivre et de goudron, la poésie avance et, pour tenter d’en faire (Rochereau) le point, Bobillot en recherche les définitions.
Mais il s’y perd délicieusement.
Elle se décline en madrépores et madrigaux comme sous tout autre forme et pas seulement à l’enseigne de la “surmort du mal occidental de race blanche”. Chacun s’en mêle comme si c’était le plus vieux divertissement du monde.
Elle est donc plurielle, gonflée, vie, peste, influx, nique et panique et tant de choses encore en son “dégueuloir” céleste ou non.
Certains rêvent même de s’y faire un nom, même s’il existe désormais des voies plus efficientes afin d’accéder à la célébrité. Mais Bobillot n’en a cure — sinon de jouvence et un abbé laïque qui sourit. Il la cultive de manière électrique comme certains poètes de naguère et offre ici des éléments rétroactifs de ses interventions intempestives. Elles rejoignent parfois un certain lettrisme, parfois un oulipisme révisionniste.
Il y a de quoi se régaler là où les mots nous restent pour “crever” (dit-il) mais permettent de se dire et d’évoquer le monde, entre borborygme et récit animé, dans une folie programmée d’une sorte de carat OK pour les gueux qui, aux jeux du stade et leurs dieux, préfèrent les songes des nuits d’avoir été.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Bobillot, Poésie c’est… crevez le matlas des mots, Atelier de l’Agneau, St quentin de Caplong, 2023, 94 p. — 18,00 €.