Etienne Jodelle, Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde

Jodelle l’amoureux

En dépit de sa célé­brité, le contem­po­rain de Ron­sard ne publia presque rien de son vivant. Il est très bien côté cour, mais sa vie nous demeure voi­lée. Pour­quoi donc est-il condamné à mort, sans que peine s’ensuive ? Le tout sans appa­rem­ment d’amours heu­reuses.
Dès lors, sa pas­sion atteint à ces pro­fondes « noir­ceurs » où l’âme se perd. Néan­moins, seule la parole poé­tique par­vient à y subli­mer les cruau­tés et l’abjection.

Tout se méta­mor­phose — comme Flo­rence Delay le sou­ligne dans sa pré­face — en un bel amour. La rhé­to­rique est la pour sou­li­gner “la sainte union de mon âme fidèle” en un pla­to­nisme qui rejoint celui de Pon­tus de Tyard mais avec plus de sin­cé­rité, voire de vérité dans ce rêve d’un “noeud” dont le feu “‘embrasse le coeur”.
Existe ici un contre-amour sub­til et déli­cat si bien que la déno­mi­na­tion  « Démon de Jodelle », selon les mots de Du Bel­lay (qui le révé­rait) ne lui va que par­tiel­le­ment sur­tout si on en croit le poète débar­rassé de ses monstres et brû­lant de ses amours célestes.

jean-paul gavard-perret

Etienne Jodelle, Comme un qui s’est perdu dans la forêt pro­fonde, Poé­sie Gal­li­mard, jan­vier 2023, 240 p. — 10,10 €.

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