Sabine Huynh est née en 1972 à Saïgon. Elle a grandi en France et a vécu en Angleterre, aux Etats-Unis, au Canada et en Israël. Traductrice de poésie, elle a publié entre autres un roman, un recueil de nouvelles et de nombreux recueils de poèmes.
Dans ce livre très autobiographique, l’auteure, la narratrice et personnage principal se confondent parfois non sans dédoublement ou mise en distanciation par le passage d’un “je” narré au “elle”.
Ce livre reprend de fait la vie de l’auteure depuis sa petite enfance, d’abord au Vietnam dans une famille vietnamienne francophone, petite bourgeoise, socialement déclassée après la victoire du Vietcong et le départ de l’armée américaine. Elle retrace l’exil en France et une insertion difficile et désenchantée.
Mais plusieurs fils s’entrecroisent dans cette trame narrative d’une remémoration familiale d’une série d’anecdotes, dont le souvenir ressurgit au hasard d’une écriture non linéaire qui épouse les vicissitudes quotidiennes d’une trajectoire familiale précaire.
C’est une galerie de tableaux intimistes d’une jeunesse en souffrance. Le tout en de courtes séquences évitant tout pathos. En effet, Sabine Huynh écrit sur un ton léger plein d’humour et d’auto-dérision mais n’exclut pas la colère et parfois la haine qui jaillit d’une cascade de paroles.
Aucun conflit n’est caché. Sabine Huynh les met en scènes brèves mais crues, sans dresser un réquisitoire grincheux contre le pays dit d’accueil. Là où le récit devient aussi un territoire de réflexion sur les interactions entre l’écriture et les souvenirs dans le jeu à les fois du souvenir mais aussi de l’imaginaire.
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jean-paul gavard-perret
Sabine Huynh, Elvis à la radio, Editions Maurice Nadeau, 2022, 304 p. — 22,00 €.