Parfaite iconoclaste, Elisabeth Morcellet au nom de l’amour et de l’art crée une oeuvre rare, hors normes qu’elle synthétise dès la fin du siècle dernier dans son manifeste Amour Mania Fol amour la nouvelle vague du néo romantisme. Ce dernier tord le cou par les vidéos, actions, etc. de l’artiste a engagée.
Certes, son oeuvre a évolué mais des invariants demeurent à travers la folle du logis que représente l’imaginaire. Cela, dans sa force créatrice qui fait de l’artiste une Alice en ses miroirs.
Les objets de sa recherche se partagent en trois catégories principales. Celle de la trace d’une œuvre, éphémère, n’existant que par le biais de notes, textes, photos ou vidéos comme les actions, performances ou installations. Celle de l’œuvre d’art faisant l’objet d’un travail fixé, présenté sur différents supports. Et enfin celle de l’œuvre de vie, ne pouvant s’achever qu’au décès de l’artiste “comme les séries avec photomatons, agendas, ou romans inachevés”, précise la créatrice.
L’art reste pour elle une attitude face à l’amour, à l’art, à la vie et à la mort. Elle naît autant de la distance, du désir que de l’imaginaire. Il se vit dans une existence produite par les fantasmes qui ouvrent à une création qui réinterroge les mouvements artistiques, littéraires, philosophiques et sociaux. Bref, il traverse les frontières géographiques et de l’intime scénarisé en diverses couleurs, situations ou personnages.
Il trouve sa place dans l’espace du jeu et du plaisir lié dans la réflexion et l’action afin de briser toutes les frontières plastiques de la création artistique compartimentée. C’est donc “une tentative expérimentale vers une nouvelle façon de vivre et de penser”, écrit-elle et ce, à l’ombre des enjeux du temps.
L’oeuvre est devenue une création hybride, influencée autant par Fluxus, Dada que les performances situationnistes, Francesca Woodman, le “néoïsme” et Raymond Roussel. Aucun médium n’en est écarté à travers des jeux de personnages, des effets de théâtre déplacés, de costumes, de mouvements au ralenti, d’érotisme décomposé, de miroirs et de reflets en une pléthore de rôles au fil du temps.
Le tout complété par tout un travail d’écriture qui ne cesse de s’affirmer.
Le “voyeur” devient le complice d’images mentales (mais pas que) créées par les interventions de l’artiste. Elle multiplie dans ses vidéos et actions des “doubles” qui jouent divers scenarii parfois avec des costumes baroques, parfois avec un vêtement neutre (pantalon corsaire, T-shirt noir, sandales). Pour créer de nouveaux territoires, Elisabeth Morcellet ose l’humour, la fanfaronnade.
Bref, elle amuse là où pourtant elle transgresse les codes dans un presque tout possible que l’image érotique habituelle cache (sang menstruel qui coule sur une cuisse). Néanmoins, l’artiste travaille par abstraction, par sélection, prélève et associe mais en refusant toujours la limite. A savoir et selon ses voeux “en élargissant son champ d’ investigation et en contaminant tout”.
jean-paul gavard-perret
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