Fred Duval et Christophe Quest, Wendy — tome 1 : “Nyassaland”

Une espionne de haut-vol

À Porto, en mars 1915, une jeune femme attend dans une librai­rie le jour­na­liste por­tu­gais avec qui elle a rendez-vous. Il arrive avec du retard car il a dû semer les sui­veurs des Ser­vices Secrets alle­mands qui sont sur ses traces. Il lui remet les docu­ments atten­dus quand sur­gissent trois hommes armés. L’un d’eux fait feu. Wendy, la jeune femme, au terme d’une pour­suite épique, échappe à Wag­ner et à ses sbires, grâce à un hydra­vion. Elle rejoint, en Nor­man­die, un châ­teau où un orphe­li­nat sert de cou­ver­ture à une antenne des Ser­vices Secrets bri­tan­niques. Les pho­tos, rap­por­tées par Wendy, ont été prises par hasard lors d’une expé­di­tion sur l’étude des grands singes. Elles montrent un offi­cier anglais ser­rant la main d’un offi­cier alle­mand. Wendy est alors envoyée, sous la cou­ver­ture d’une repré­sen­tante du zoo de Londres, pour enquê­ter sur le capi­taine James, l’officier pho­to­gra­phié, et éva­luer son éli­mi­na­tion si elle prouve son intel­li­gence avec l’ennemi.
Le thème cen­tral de cette nou­velle série, avec Fred Duval aux com­mandes, pré­voit de faire évo­luer une héroïne au cœur du conflit qui oppose la triple Alliance et la Triple entente. Elle inter­vient essen­tiel­le­ment dans les lieux exté­rieurs aux prin­ci­pales zones de com­bat qui, en 1915, se concentrent sur­tout sur le front de l’Est et du Nord de la France. Si la guerre n’était pas aussi visible, des com­bats se dérou­laient pour, par exemple, la supré­ma­tie en maté­riels nova­teurs mis au point dans le plus grand secret.
Wendy est spé­cia­li­sée, dans son acti­vité d’espionne, dans les cou­ver­tures per­met­tant d’évoluer dans la bonne société mondiale.

Fred Duval concocte une his­toire riche en actions. Il fait nombre de réfé­rences à l’Afrique, à la chasse au léo­pard, au “Big five”. Il truffe son récit de plé­thore d’informations sur l’année 1915, sur l’ambiance qui régnait à l’époque et sur des sujets les plus divers comme Flau­bert et le temps d’écriture de Madame Bovary. Il défi­nit Wendy comme une suf­fra­gette, une femme qui pense que la condi­tion fémi­nine est trop étri­quée. Dans son acti­vité d’espionne de haut vol, elle milite pour une auto­no­mie de la femme, reven­di­ca­tion tout à fait cohé­rente. En effet, face à l’absence de la quan­tité énorme d’hommes envoyés au Front, les femmes, à l’arrière, assurent les tâches avec les mêmes com­pé­tences. Le des­sin, à la fois réa­liste et sty­lisé, rend par­fai­te­ment le dyna­misme du scé­na­rio, valo­ri­sant tant les nom­breuses scènes d’action que les séquences moins mou­ve­men­tées. Les per­son­nages sont faci­le­ment iden­ti­fiables et conservent une constance tout au long de l’album. Cepen­dant, une vignette pla­cée au bas, à droite de la planche 31, amène une légère inter­ro­ga­tion. Elle repré­sente un couple, dans un dîner, qui n’apparait pas sur la vue pano­ra­mique mon­trant l’ensemble des convives.
Nyas­sa­land, ce pre­mier tome, par son scé­na­rio dyna­mique, aux déve­lop­pe­ments pas­sion­nants, augure d’une série à suivre avec intérêt.

serge per­raud

Fred Duval (scé­na­rio), Chris­tophe Quest (des­sin), Carole Beau (cou­leur), Wendy, tome 1 : “Nyas­sa­land”, Del­court, coll. « Série B », avril 2013, 48 p. – 13,95 €.

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