À Porto, en mars 1915, une jeune femme attend dans une librairie le journaliste portugais avec qui elle a rendez-vous. Il arrive avec du retard car il a dû semer les suiveurs des Services Secrets allemands qui sont sur ses traces. Il lui remet les documents attendus quand surgissent trois hommes armés. L’un d’eux fait feu. Wendy, la jeune femme, au terme d’une poursuite épique, échappe à Wagner et à ses sbires, grâce à un hydravion. Elle rejoint, en Normandie, un château où un orphelinat sert de couverture à une antenne des Services Secrets britanniques. Les photos, rapportées par Wendy, ont été prises par hasard lors d’une expédition sur l’étude des grands singes. Elles montrent un officier anglais serrant la main d’un officier allemand. Wendy est alors envoyée, sous la couverture d’une représentante du zoo de Londres, pour enquêter sur le capitaine James, l’officier photographié, et évaluer son élimination si elle prouve son intelligence avec l’ennemi.
Le thème central de cette nouvelle série, avec Fred Duval aux commandes, prévoit de faire évoluer une héroïne au cœur du conflit qui oppose la triple Alliance et la Triple entente. Elle intervient essentiellement dans les lieux extérieurs aux principales zones de combat qui, en 1915, se concentrent surtout sur le front de l’Est et du Nord de la France. Si la guerre n’était pas aussi visible, des combats se déroulaient pour, par exemple, la suprématie en matériels novateurs mis au point dans le plus grand secret.
Wendy est spécialisée, dans son activité d’espionne, dans les couvertures permettant d’évoluer dans la bonne société mondiale.
Fred Duval concocte une histoire riche en actions. Il fait nombre de références à l’Afrique, à la chasse au léopard, au “Big five”. Il truffe son récit de pléthore d’informations sur l’année 1915, sur l’ambiance qui régnait à l’époque et sur des sujets les plus divers comme Flaubert et le temps d’écriture de Madame Bovary. Il définit Wendy comme une suffragette, une femme qui pense que la condition féminine est trop étriquée. Dans son activité d’espionne de haut vol, elle milite pour une autonomie de la femme, revendication tout à fait cohérente. En effet, face à l’absence de la quantité énorme d’hommes envoyés au Front, les femmes, à l’arrière, assurent les tâches avec les mêmes compétences. Le dessin, à la fois réaliste et stylisé, rend parfaitement le dynamisme du scénario, valorisant tant les nombreuses scènes d’action que les séquences moins mouvementées. Les personnages sont facilement identifiables et conservent une constance tout au long de l’album. Cependant, une vignette placée au bas, à droite de la planche 31, amène une légère interrogation. Elle représente un couple, dans un dîner, qui n’apparait pas sur la vue panoramique montrant l’ensemble des convives.
Nyassaland, ce premier tome, par son scénario dynamique, aux développements passionnants, augure d’une série à suivre avec intérêt.
serge perraud
Fred Duval (scénario), Christophe Quest (dessin), Carole Beau (couleur), Wendy, tome 1 : “Nyassaland”, Delcourt, coll. « Série B », avril 2013, 48 p. – 13,95 €.