Sur les murs pâles de l’univers carcéral posé dans le théâtre du livre - et afin d’user de l’analogie qui joue ici à fond — surgissent, au-delà des règles, labyrinthes, habitus, des reflets d’or et des meubles de luxe.
Le tout dans un texte fluide qui répond à une ordonnance stricte : 17 lignes par page avec une ponctuation spartiate. D’où l’impression d’un conglomérat où respirer et possible car il existe ça et là des pages blanches.
Peu à peu apparaît une série de changements de décor qui rappelle le théâtre. Mais, néanmoins, le lecteur n’est pas devant un spectacle : il est dedans.
A la violence de la prison “qui sait tout” (écrit l’auteur), à ses surpeuplements, promenade quotidienne, surveillance et ce à quoi elle renvoie (crime, guerre, tranchées, décapitations, l’extermination de millions de personnes) répondent des fragments d’espoir qu’à travers nos fenêtres nous appellerons étoiles.
Pour un autre éclairage. Voire une délivrance.
S’il est encore temps, s’il n’est pas trop tard comme le livre le soutient parfois.
jean-paul gavard-perret
Martin Högström, Prison-palais, traduit du suédois par David Lespiau et l’auteur, éditions Eric Pesty, 2022, 120 p. — 16,00 €.