Ici, l’homme “Levé de bon matin puis / dans le fauteuil sombre / dans la bibliothèque qui s’ombre aussi /sombre méditation” cherche son âme soeur pour pouvoir avancer — même si, de l’attraction, peut naître la répulsion.
Dès lors, l’éventail des options est large comme celui des déplacements. Ils marquent le temps et la chair même si parfois le cercle vertueux ou non se tarit surtout lorsque les frimas de février arrivent et qu’en plat pays de Hollande ou de Belgique ils déposent un glacis de blanc sur les pans de murs jaunes ou de briques rouges.
Didier Gambert se nourrit de bien des références littéraires (Ernst Jünger par exemple) dans ses dérives. Le “vulnérable” trouve ainsi une manière de dire ses émotions tout en les voilant pour ne rien recouvrir et attendre que le printemps revienne ici ou là.
Qu’il parle de l’intime ou des mouvements plus collectifs, aucune pédanterie dans ses propos. La politesse poétique se fait jour là où le franchissement de frontières extérieures fait écho à celui des obstacles intérieurs.
Et c’est bien là tout le travail de transgression et de migration aux frontières “de sang mêlé dans un amour de mots étranges”.
Mais pas seulement.
jean-paul gavard-perret
Didier Gambert, Pierre d’attente (Éléments d’un Discord), Les éditions sans escale, Paris, 20 novembre 2022, 120 p. — 12,00 €.