Ce livre évoque ce qu’il existe de relatif qui ne se dit pas : une femme peut balancer entre deux hommes en un jeu subtil d’équilibre nécessaire. Preuve que le temps amoureux n’a pas de frontières et que ce qui s’enchevêtre par amour dépasse le conditionnement dans lequel on veut l’enfermer.
Certes, ce n’est pas toujours simple : “Je ne sais plus vers qui je vais”, mais cela vaut mieux que de rester dans le statisme et le refus.
A la banalité d’un quotidien réglé par les prétendues convenances, s’oppose un amour fou. Il peut se conjuguer au pluriel dans ce livre “inclusif” à sa manière puisque l’auteure s’adresse — par son “vous” de rappel plus que de remontrance — à nous qui refusons le risque de double re-père.
Les récits des amours alternées font s’enchevêtrer les aventures vécues — ou non — non sans arrière-plan de littérature (Tchékhov) et de musique. Même la légende arthurienne refait surface là où la narratrice devient la Dame du Lac qui garde son corps de sirène, si reine de deux royaumes, avec ce que cela implique de déséquilibre.
Il oblige à rendre l’amour son dû dans cette triangulation approximative mais brulante.
jean-paul gavard-perret
Julia Lepère, Par elle se blesse, Flammarion/Poésie, Paris, octobre 2022, 138 p. — 17,00 €.