Fermeture en fondu sur la lumière du soir
Dans ce livre se réalise combien souvent les êtres humains réinvestissent, sans honte dans la honte, dans notre monde où chacun s’isole de plus en plus. Plus que jamais là où ça sent l’homme se hument la merde, l’urine et l’abandon.
La disparition semble organisée et l’état suprême de la civilisation devient de plus en plus larvaire. Voici après l’époque des parvenus, celle des parias. Ce récit ne s’en satisfait pas mais le constate.
Il voudrait jusque dans ces belles références littéraires croire à une idée de survie avec en soubassements notre indécrottable besoin de croire ou de savoir. Mais quoi ?
Si bien que ce texte mêle la tentation criminelle et la jouissance esthétique et érotique — du moins ce qu’il en reste. C’est-à-dire pas grand-chose.
Dans ce temps d’éclipse de Dieu, les âmes éponges ne trouvent rien de mieux qu’en dilater les pores mais de manière étrange. Plus que jamais l’enfer est donc bien les autres. Mais ici même, ici-bas et à peine pavé de bonnes intentions comme le pratique le sombre héros de texte.
Restent pour tout viatique de bancals bric-à-brac dans lequel Joseph K lui-même ne s’y retrouverait pas. L’incarnation n’a rien de sauvable. Aucune conscience du remord n’y retient. Et le sentiment de culpabilité récurrent ne sera après tout qu’une commodité de la conversation — ne nous y trompons donc pas.
Quant à l’amour — diversion ou non, retraite spirituelle du même tabac ou pas -, n’y pensons même plus, même pas. Ce qui était bon pour le héros du livre est déjà hors d’usage.
jean-paul gavard-perret
Olivier Rachet, Une diversion, Tinbad, Paris, novembre 2022, 114 p. — 15,00 €.