Paul Sanda, 49 marches, Dix-sept Psaumes de Proue, de Joues & de Beauté

Paul Sanda l’obstiné

La vie comme l’instinct lit­té­raire (lon­gue­ment tra­vaillé) ont poussé Paul Sanda vers un sur­réa­liste tran­sac­tion­nel qui ne se contente pas des véné­ra­tions envers les maîtres his­to­riques de cette école. Il cultive une langue altière.

L
es mots qui dans leur adja­cence se nour­rissent les uns les autres.
Se crée ce que Serge Pey nomme une “théo­lo­gie de la chair”.

C’est donc bien dans la confron­ta­tion avec la règle du jeu de la poé­sie que Sanda, écri­vain consé­quent s’il en est, fait appel à des moyens d’attaque pour entraî­ner l’être loin de son état lar­vaire et le pousse à payer ses dettes d’amour.
Celui-ci devient pour l’aimée “ton éphé­mère effluve, / ton aube sub­tile, c’est parce que : nos sens se sont embras­sés (très haut)”. Et la paren­thèse garde toute son importance.

D’où la puis­sance des mots de ce révolté de l’amour et de la poé­sie. Les deux deviennent incan­des­cents loin des ico­no­clas­ties de façade. Il existe plus d’originalité chez lui que chez des poètes pré­sen­tés comme “offi­ciels”.
Ces der­niers se révèlent de simples déco­ra­teurs. Sanda, à l’inverse, donne forme à un uni­vers qui est à la fois en lui et hors de lui en un pro­lon­ge­ment exté­rieur visible.

En cela, cette écri­ture nous bou­le­verse et ren­verse l’ordre éta­bli, “en volant, & vol­ti­geant, par volonté / d’un vent rugis­sant, violent, jamais / com­plai­sant” contre la mort . Et ce, même si elle peut frap­per quand et où elle veut.
Néan­moins, les flam­beaux poé­tiques du poète per­durent “parmi / les lueurs de l’hiver déjà si / repoussant”.

La frac­ture des vers et leurs enjam­be­ments res­tent signi­fi­ca­tifs de la consti­tu­tion de la poé­tique d’un tel auteur. Contre les déluges, Sanda invente une magni­fi­cence sacrée mais qui demeure d’ici-même, d’ici pas.
D’où cette poésie-présence pour redon­ner le souffle et le rituel de pas­sage que devient l’écrit : un “Pater” dont le chant retrouve tout son sens.

C’est pour­quoi l’auteur ne cesse de nous par­ler afin de signi­fier une liberté fon­cière.
Par la grâce d’une “harpe nou­velle” capable d’engendrer la force vitale et char­nelle aux “fol­lets” — pas tou­jours feux — que nous sommes, pour nous réin­sé­rer dans une volute d’existence.

jean-paul gavard-perret

Paul Sanda, 49 marches, Dix-sept Psaumes de Proue, de Joues & de Beauté, Edi­tions Alcyone, Saintes, novembre 2022, 80 p. –19,00 €.

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Filed under Chapeau bas, Erotisme, Poésie

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