Ce texte court a la densité du mercure, tout à la fois fluide et métallique, limpide et brillant
Ce texte court a la densité du mercure, tout à la fois fluide et métallique, limpide et brillant. Théâtrale, l’écriture, dans sa dominance de langue, qui s’articule autour du son, et tourne autour du sens. L’invention vient en marchant, et ça marche, ça grimpe, ça se déroule — ça tentacule en direction du supra et de l’infra langage. Alors, on se porte, plus ou moins bien, selon la densité du mercure.
…ne remonte pas jusqu’au niveau de l’enregistrable… la bande son a pour effet magnétique de capter la pensée même lorsqu’elle s’oppose, de numériser les sensations comme si c’était possible. La fascination est un objet de l’esprit qui remonte à l’enfance, ce temps où la raison se calque sur le réel, sur le vif de l’instant. C’est donc l’enfance de l’art, en ce qu’elle a d’apparence spontanée, qui nous parle à l’oreille, ici. L’histoire, est qu’il n’y en a pas, non, il ne faut pas faire d’histoires, se rendre à l’évidence, comme l’on se rend chez un ami fidèle.
C’est donc une voix. Oui, c’est ainsi qu’il faut l’entendre. Une voix qui raconte la voix. Une perception de ce qu’est l’autre en soi. C’est donc une voix sonnante, comme le sont les pièces qui sonnent et qui trébuchent au fond de nos pensées. Faudrait-il en dire plus long que tout ce qui dépasse ? Voilà, il s’agit… non, ils s’agitent, tous ces mots, dans des ordres d’une maîtrise aléatoire ; et s’organise ainsi une trame de patchwork aussi serrée que divergente, qui nous mène : à nous-mêmes.
NYC
ou
l’artiste traversant la 8e avenue croise
la foule
qui s’inscrit sur
la feuille
que déchire
la folle
lui faisant ainsi son
autoportrait
Pourquoi ne pas rester suspendu au mystère de la langue ? Et que ne s’éclaircissent que les ombres qui parlent ?
daniel leduc
Marc Cholodenko, NYC, P.O.L., 2004. 62 p. — 10,00 €. |