Le corps libéré
La dernière exposition de Norbert Bisky à Paris, inaugurée la veille du premier confinement en mars 2020, avait dû être annulée.
Pour remédier à cette frustration, voici la post-pandémique et énergique Utopianistas qui propose de relire le concept d’Utopie développé par Thomas More.
Et ce, au moment où les barreaux de l’échelle “morale” restent solides. Face à eux, le corps masculin homosexuel est mis en évidence.
Norbert Bisky assume et revendique ce corps comme un objet érotisé dont la seule fonction demeure ici de répondre à la demande masculine intéressée par le “même” sans pour autant le faire tomber la moindre obscénité.
La peinture fait surgir la corpulence de fibres musculaires en s’amusant de bien des codes pour une jouissance joyeuse et un avenir face aux dystopies. La scénarisation de ce récit plastique tient de la revendication d’une forme de puissance qui ordonne au regardeur d’être “ravi” par une fête dont l’accès passe par la fragmentation d’images parfois à recomposer.
jean-paul gavard-perret
Norbert Bisky, Utopianistas, Templon Beaubourg, du 5 novembre au 24 décembre 2022.