Quoi de mieux que l’Alsace lorsqu’on souhaite un décor traditionnel de Noël ? C’est une région qui a su conserver des traditions séculaires en la matière. Les auteurs réunissent ainsi tout ce qui peut concourir à la magie de Noël depuis le marché, les pâtisseries incontournables, les contes et les légendes et tous les à-côtés qui illuminent cette fête.
Elfie, fille d’une sorcière, est un peu sorcière grâce à son Grimoire, un étrange ouvrage. Elle a deux sœurs, Magda 12 ans et Louette 18 ans. Elles ont perdu leur mère dans un incendie et vivaient chez leur tante. Lorsque Louette a été majeure, elle a obtenu la garde des deux filles. Ayant ramené de Londres un bus rouge à impériale, elle l’a aménagé en librairie ambulante.
Depuis, elles sillonnent les routes. Après la Bretagne, la Provence, elles sont en Alsace. Magda est en rogne car sa grande sœur a oublié d’acheter un calendrier de l’Avent. C’est le moment où le moteur du bus décide de s’arrêter dans un grand bruit, mais tout près du village de Streuselheim.
Elles sont secourues avec le tracteur du père de Lorenz, une jeune motarde. Mais le garagiste ne dispose pas de la pièce à changer. Elles doivent donc rester sur place.
Elfie a repéré la pâtisserie Suzelle construite en pain d’épices. Magda ne voit qu’une maison à colombages. À l’intérieur du magasin, Elfie mange un petit morceau du mur, attirant l’attention de la jeune serveuse. Celle-ci lui révèle qu’elle voit la maison en pain d’épices parce qu’elle est une sorcière. Faustine et Suzelle, sa mère, sont également des sorcières. Les fillettes sympathisent. Mais Faustine est une Miss Catastrophe. Et, quand pour réparer une bêtise, elle décide de faire multiplier son mannele magique…
Dans le village, le trio se mêle à la population. Elfie, avec sa nouvelle amie, va multiplier les péripéties, mettant les lieux en grand désordre, en danger. C’est l’occasion, pour les auteurs, de glisser une bonne dose d’humour et quelques règles de bien-vivre ensemble.
Mais, outre la comédie, ils font une place à la période très sombre que la région a vécu et aux événements qui auraient pu s’y dérouler.
Ils intègrent nombre de références à la littérature populaire, aux contes et légendes comme L’Apprenti sorcier de Goethe, la maison en pâtisserie de Hansel et Gretel, les deux héros d’un conte des frères Grimm…
Mini Ludvin et Hélène Lenoble assurent le graphisme, la première réalisant le dessin et la seconde, la mise en couleurs. Les personnages de Mini Ludvin, aux regards expressifs, sont facilement identifiables et d’une belle posture. Elle met en scène avec réussite, des troupes de manneles, une grande variété de situations et soigne des décors qui n’ont rien à envier aux originaux.
Les couleurs douces ou vives d’Hélène Lenoble accompagnent heureusement les actions et déterminent les atmosphères tant festives que dramatiques avec un bel effet.
Entre thématiques familiales, ressorts dramatiques, ambiances festives et problématiques d’une magie mal contrôlée, les auteurs signent un récit qui se découvre avec un immense plaisir tant pour la diversité des actions que pour les planches particulièrement agréables au regard.
serge perraud
Christophe Arleston et Audrey Alwett (scénario), Mini Ludvin (dessins), Hélène Lenoble (couleurs), Le Grimoire d’Elfie — t.03 : Malaventure en pain d’épices, Bamboo, label “Drakoo”, novembre 2022, 80 p. — 15,90 €.