Il faut se laisser emporter par les vagues de la prose poétique de Des nouvelles de Minotaure ? Catherine Andrieu y donne la pleine puissance de son langage et de son imaginaire.
Celle qui se dit “mystificatrice” reste pourtant à mille lieues du factice. La force métaphorique devient chamanique en sortant du plus profond de son être. Si bien que le poésie aussi intime que cosmique devient un rite sidéral et sidérant, personnel et initiatique comme l’est la danse pour les derviches tourneurs.
Entre réel et irréel, entre les diverses personnes du singulier, entre réflexion et envol, s’inscrit un lent dérèglement des sens. Il transforme la poétesse et celui ou celle à qui elle s’adresse en “un chaos gouverné par un rythme”.
Et là où Piano sur l’eau jouxte un expérience biographique intime, Des nouvelles du Minotaure ? inscrit un registre plus orphique.
Cet ensemble est fulgurant là où la femme prend au besoin tous les rôles — vierge ou catin — mais reste parfaite dans l’innocence d’avoir si peu d’histoires dans le geste, même si elle peut retourner cette attitude en un magistral contre-exemple.
La réunion de ces textes de la véritable femme surréaliste de notre temps devient rade, radeau, rectangle mouvant, carré de sécurité, aire de perdition.
Nous pouvons y déchiffrer un vide vertical : celui du vertige qui en est le contenu.
jean-paul gavard-perret
Catherine Andrieu,
– Des nouvelles du Minotaure ?,
– Piano sur l’eau,
Editions Rafaël de Surtis, Cordes sur Ciel, 2019 & 2021, 126 p. & 48 p. — 22,00 € & 15,00 € .
Au-delà du réel le chaos des mots rend la liberté aux oiseaux . Beau .
” Catherine ANDRIEU possède une écriture, moderne sans posture, atypique par nature, qui n’appartient qu’à elle : ça cogne, ça percute. Ça touche.” ( JH )