Paul Badin propose un essai sur la construction poétique et un choix de textes poétiques, le tout s’apparente à un manifeste plus qu’à un traité en deux pans : lire avant de penser, penser avant d’écrire — le tout pour un retour à la réalité, mais pas n’importe comment ni avec n’importe qui.
Le poète reste à ce titre le pionnier qui s’élance sur “le vélin du monde” et avance “maison sur le dos / sac à dos greffé” pour repérer à travers les ronces les lignes de crête tel un marcheur et pèlerin que “l’azur convoque”. “L’aventure, c’est sortir de soi” ajoute celui qui refuse la déréliction et s’obstine à ne pas refuser le meilleur dans cette marche forcée ailée et solaire.
Surgissent, par le règne des mots nourris de sève, une existence physique, une concrétude, une activité pratique. Elles arrachent la poésie à ce qui la pétrifie dans barbarie du désordre.
Tout est ici, sinon calme et volupté, du moins recherche de la paix et de la sérénité. Le monde respire en de tels méandres et vaux, fiers de leur beauté sauvage.
jean-paul gavard-perret
Paul Badin, Mille et un éclats. Littérature critique, archives, n° 35, Éditions du Petit Pavé, collection Délits d’encre, Brissac-Quincé, automne 2022.