Lionel Bourg, Itinéraire de délestage

Ainsi va-t-il ou les (im)pertinentes fatrasies

Sous forme de bilan pro­vi­soire, Lio­nel Bourg ras­semble dans ce beau livre des textes. Ils concentre l’expression de sa sen­si­bi­lité . La plu­part date d’une quin­zaine d’années et tiennent de l’essai (existent là des pages capi­tales sur la pein­ture du temps), de récits, de poèmes et “mar­gi­na­liae”, le tout à L’Ombre lente du temps (titre d’un des livres de l’auteur chez Fata Mor­gana).
Se retrouve le regard caus­tique de l’auteur et son écri­ture lumi­neuse. Ces textes réunis com­plètent ses nom­breux livres (récits, poèmes, jour­naux, essais.)

Toute la richesse de l’œuvre est en ce recueil. Il per­met de ras­sem­bler ce qui sans lui aurait pu être perdu. Et celui qui avouait dans Au devant du silence : “J’écris parce que je ne peux pas faire autre­ment et que quelque chose per­siste, sans rai­son. Un peu d’espoir, un ciel plus lim­pide mal­gré les nuées qui l’assaillent, un sou­rire par­fois. Une toute petite larme… J’écris comme on ramasse une pierre. ” se redé­couvre dans sa pas­sion d’écrire et plus par­ti­cu­liè­re­ment d’écrire sur le temps.
Du temps immé­mo­rial des hauts pla­teaux du Velay, et de ceux que “disent” les images de cer­tains peintres comme de l’enfance et des femmes qui ajoutent tou­jours quelques grammes à l’âme.

Existe toute une car­na­tion qui se ren­contre trop peu en lit­té­ra­ture. Mais il est vrai que Lio­nel Bourg n’est pas le pre­mier écri­vain venu. Sur­git sa lutte contre l’angoisse et donc pour la vie en dépit d’une exis­tence qui ne fut pas tou­jours facile — et ce, au nom des siens.
Tout s’agite entre pay­sages, réfé­rences plas­tiques et lit­té­raires d’une richesse rare. S’y brassent les images bous­cu­lées qui gardent fidè­le­ment l’empreinte d’une vie de “mira­culé”.

C’est pour­quoi celui qui pro­me­nait dans les décharges et parmi les rem­blais, “croyant la ché­rir, cette terre, inca­pable d’envisager pour­quoi de brusques répul­sions se sai­sis­saient de moi” passe de celles-ci à l’apprentissage d’une sagesse. Ces textes d’une quin­zaine d’années en des­sinent le péri­mètre.
Les anciennes per­cep­tions se méta­mor­phosent afin d’aller à la ren­contre de ce dont le passé comme le pré­sent et l’éventuel deve­nir se délivrent peu à peu.

jean-paul gavard-perret

Lio­nel Bourg, Iti­né­raire de déles­tage, Le Réal­gar, 2022, 348 p. — 26,00 €.

1 Comment

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One Response to Lionel Bourg, Itinéraire de délestage

  1. Villeneuve

    Lio­nel Bourg est un homme de qua­lité dont JPGP scrute avec jus­tesse les écrits de jeunesse .

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