John Giorno dans ses mémoires parle plus des autres que de lui. Ce qui est bien mais évacue aussi tout ce que nous aimerions savoir de son travail de poète. Celui-ci part peut-être, de l’émerveillement et du choc produit par les “spectacles” de Dylan Thomas qui devint la poésie même.
Ginsberg allait la reprendre et performer avec Hole. Ce “spectacle” provoqua un scandale et une exaltation inédite pour Giorno qui “n’avait rien vu de pareil” en imagerie gay et pornographique.
La bande de la Beat Generation se constitue et ces mémoires concentrées autour et sur les années 60 le prouvent. Se retrouvent Heidsieck, Ferlinghetti, Kerouac, Ginsberg encore jeune au milieu de cet ensemble de poètes et d’artistes où il allait devenir comme Burroughs une sorte de bouddha.
Giorno semble aimanté par les créateurs de l’époque. Ses amours avec Andy Warhol (entre autres) sont évoquées mais aussi leurs quêtes de l’écosystème artistique de l’époque (Jonas Pecas, Morton Felmann, Stockhausen, La Monte Young, Rauschenberg, etc.).
Giorno devient acteur dans Sleep de Warhol dont il devient pour lui pendant trois mois “une Marylin Monroe” aussi dépressif et midinette que lui.
Grâce aux “Mémoire” nous apprenons le montage du film où Warhol cherche une image blanche et où il ne se passe strictement rien afin que tout devienne “merveilleusement ennuyeux”.
jean-paul gavard-perret
John Giorno, Mémoires, Préface par Jean-Jacques Lebel, trad. Denyse Beaulieu, Beaux-Arts de Paris Éditions, collection Écrits d’artistes, octobre 2022, 350 p. — 25,00 €.