Michel Crépu publie un livre qui, quoique se voulant sémillant, reste d’un ennui crasse.
Faisant défiler ses souvenirs de concert, d’écoute de disques, il évoque une énième mouture de sexe, drogue et Rock-n’Roll.
Sous prétextes d’encenser ses idoles — les Rolling Stones en l’occurrence -, il prétend affirmer la substantifique moelle de leur essence.
Mais l’énergie poétique des Stones dont il se veut l’intercesseur devient sous ses mots d’une banalité confondante.
Mettre en face du groupe, ceux qu’il abomine, à savoir les Beatles — et plus particulièrement John Lennon réduit à l’emprise de Yoko Ono dont il n’a pas compris l’importance et le rôle — et Crosby, Stills and Nash n’y change rien. Dylan n’est pas mieux loti. Mais dans ce cas non sans raison vu ses égarements bibliques.
Le déchaînement qu’a généré le groupe, Crépu s’en veut le chantre. Mais il est passé à côté en faisant crouler Mick Jagger et son groupe sous des anecdotes surannées. L’auteur croit rendre plus beau l’icône sous prétexte qu’il va acheter sa baguette de pain.
Mais cela reste de l’enfantillage et de l’ordre d’une image d’Epinal propre à chouchouter le gogo.
C’est sans doute le livre le plus insipide sur les Stones. Il ne doit sa publication qu’à la position de l’auteur en tant qu’ordonnateur de la NRF — du moins ce qu’il en reste.
Mais l’éloge de la vitesse et des flammes stoniennes bascule en un propos de lenteur et de cendres. Crépu se voudrait parfois drôle, mais l’humour n’est pas sa qualité maîtresse.
jean-paul gavard-perret
Michel Crépu, Only rock & roll, Arlea, collection La rencontre, Paris, 2022, 152 p. — 16,00 €.