Erik Larson, Une histoire vraie

Au cœur de la plus meur­trière catas­trophe natu­relle des États-Unis

Isaac Mon­roe Cline arrive sur l’île de Gal­ves­ton en 1891 pour ouvrir l’agence texane de l’US Wea­ther Bureau, le tout jeune ser­vice de météo­ro­lo­gie des États-Unis. Ce 8 sep­tembre 1900, il a mal dormi, la cha­leur est forte. Il va obser­ver les mou­ve­ments de l’océan dans le golfe du Mexique sans détec­ter les signes habi­tuels annon­çant un oura­gan.
Pour­tant, il reste inquiet. Il peut car,  dans les pro­chaines vingt-quatre heures, huit mille femmes, hommes, enfants vont perdre la vie. Gal­ves­ton, ville flo­ris­sante, va perdre son ave­nir. Isaac va perdre beau­coup. Il est issu d’un milieu fer­mier Il com­mence des études pour deve­nir pas­teur, puis il étu­die le droit pour être avo­cat et choi­sit… la météo que le géné­ral Hazen déve­loppe à la tête de l’US Signal Corps, le corps des trans­mis­sions de l’armée. Ce ser­vice fait l’objet d’oppositions, est secoué de scan­dales. Les uns disent que les hommes ne devraient pas pré­voir le temps, un domaine réservé à Dieu, que les hommes ne peuvent pas le faire car ils sont incom­pé­tents. L’outil prin­ci­pal du météo­ro­logue de l’époque était le télé­graphe. Pour aller plus vite, un sys­tème éla­boré de codage est institué.

L’auteur dresse un état des décou­vertes, des faits, des catas­trophes qui ont per­mis de doter l’humanité d’éléments de pré­vi­sion. Le détail des tem­pêtes qui ont ravagé des villes, des pays, les tra­vaux des scien­ti­fiques tels que Gali­lée, Evan­ge­lista Tor­ri­celli… ont fait avan­cer cette dis­ci­pline. Il évoque les tra­vaux de nom­breux cher­cheurs qui n’occupent pas les pre­mières places dans l’Histoire mais qui ont per­mis de faire pro­gres­ser cette science à petits pas.
Mais il s’attache sur­tout à décrire la vie d’Isaac Mon­roe Clive et le désastre de Gal­ves­ton, le titre anglais n’est-il pas Isaac’s Storm ? Il détaille les dif­fé­rentes phases de la catas­trophe, les actes de nom­breux per­son­nages authen­tiques, ceux de Cline, de son frère.

Erik Lar­son n’écrit pas la bio­gra­phie d’hommes célèbres, sauf pour Chur­chill (La Splen­deur et l’Infamie, le cherche midi — 2021) où il prend un angle d’approche fort dif­fé­rent des mémoires clas­siques. Pour recons­ti­tuer le par­cours de l’homme et celui de la catas­trophe, il a dû faire œuvre d’un tra­vail digne de celui d’un paléon­to­logue, faire par­ler les élé­ments rela­tifs à Isaac, leur faire expri­mer ce qu’ils pou­vaient dis­si­mu­ler. Il doit tra­quer ce qui existe de façon éparse.
C’est un véri­table tra­vail de fourmi pour uti­li­ser au mieux les docu­ments, les pho­tos. Pour décrire l’état de Gal­ves­ton pen­dant et après l’ouragan, il a pu dis­po­ser d’une belle col­lec­tion de pho­tos, cer­taines fort macabres. Un tra­vail mené avec un souci de vérité qui se res­sent à la lecture.

Cet ouvrage, paru en 1999 aux États-Unis, méri­tait bien une tra­duc­tion car, à tra­vers la vie de Clive, c’est une page de l’histoire des USA, de la nais­sance de la météo que l’on découvre avec un grand intérêt.

serge per­raud

Erik Lar­son, Une his­toire vraie (Isaac’s Storm), tra­duit de l’anglais (États-Unis) par Élo­die Leplat, le cherche midi, sep­tembre 2022, 416 p. — 22,00 €.

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