Hanns Heinz Ewers (1871 — 1943, à 71 ans), est un écrivain, réalisateur et globe-trotter allemand. Auteur de nouvelles, romans et pièces de théâtre, il a élaboré une littérature du fantastique et de l’épouvante.
Ses récits, souvent macabres et érotiques, lui ont conféré une réputation d’écrivain scandaleux.
En témoigne Les coeurs des rois. Cette nouvelle reprend la légende selon laquelle le peintre alsacien Martin Drölling, venu à Paris vers 1779, soit entré en possession en 1793, lors de la profanation des tombes royales de Saint-Denis, de la chapelle Sainte-Anne du Val-de-Grâce et de l’église Saint-Louis des Jésuites de la rue Saint-Antoine, de quelques-uns des cœurs des rois de France, dans le but de les utiliser comme coûteuses substances alors fort prisées des artistes, car permettant d’obtenir un rendu des couleurs incomparable. Un des tableaux peints par Martin Drölling et usant du suc royal est visible au Louvre,
Cette édition bilingue est superbe. Le texte est traduit de l’allemand et présenté par Vincent Wackenheim avec les dessins originaux de l’artiste autrichien Stefan Eggeler et ceux inédits de de Denis Pouppeville. Cette nouvelle est une perle de fantastique dans un style précieux encore très empreint du fantastique hérité du XIXème siècle. La conscience vacille et le fantastique se cache dans tous les recoins de cette histoire.
Et celui que la postérité a un peu vite oublié écrivit là un texte passionnant qui enchante par la pureté un peu désuète de son style précis et incisif. C’est de la belle littérature empreinte de classicisme et il est parfois bien nécessaire et agréable de se replonger dans l’univers de ce grand maître de l’étrange.
jean-paul gavard-perret
Hanns Heinz Ewers, Les cœurs des rois, Gravures de Stefan Eggeler, dessin de Denis Pouppeville, éditions et trad. Vincent Wakenheim, L’Atelier contemporain, Strasbourg, 2022, 208 p — 25,00 €.