Les microfictions de Fabienne Radi
Entre gravité et légèreté, Fabienne Radi crée des ajustements intempestifs dans ses textes. C’est un procédé d’embrouillaminis de diverses “choses” en des textes courts et microfictions qui filent néanmoins sans trembler dans des analyses assez précises comme le créa Lydia Davis traductrice de Flaubert, Proust ou Beckett.
Un travail de réduction se produit sous l’influence de la culture américaine (littérature et cinéma) en divers liens, à cause par exemple d’un titre ou d’une interview. De fil en aiguille, l’écriture avance sans sacralité mais dans une pratique du dire qui devient autant un hobby qu’une passion là où soudain des portes imprévues s’ouvrent.
Le langage chez la Suissesse est toujours clair et plein d’humour en un mixage et montage décomplexés mais attentifs de la haute et de la basse culture et en faisant feu de tout bois entre essai et fiction. Et ce, en une version helvétique dans l’esprit de Maggy Nelson et pour la transformation de la littérature, des images et des choses en inventant au besoin des dangers ou des farces.
Se retrouvent l’histoire des crooners, des problèmes de radiateurs, la fréquentation des morgues, la formation des Alpes, la place des femmes conjuguant chant et batterie dans la pop music. Le tout présenté avec des reproductions d’oeuvres d’art évoquées dans les textes, ainsi que des images trouvées par l’auteure.
Celle-ci ne cesse de jouer du dérisoire et de l’incongru, de l’exercice volontaire d’idioties à la Novarina et de la mélancolie dans divers châteaux de cartes en équilibre au bord des gouffres.
jean-paul gavard-perret
Fabienne Radi, Notre besoin de culotte est impossible à rassasier, édition établie par Stéphane Fretz, art&fiction, Lausanne, 192 p. — 17,80 CHF.