L’épreuve du Congrès est tout à fait authentique et a perduré pendant presque un siècle en France. Elle ne fut abolie qu’en février 1677. Elle était généralement demandée par l’épouse qui accusait son mari d’impuissance pour faire annuler le mariage. L’époux devait alors dresser, pénétrer, mouiller, en présence de juges, d’officiels, de conseillers, d’avocats, de greffiers, de médecins experts judiciaires. La réussite n’était pas évidente.
Le Marquis est mandé d’urgence par François, comte de Dardille. Il a besoin de son aide car Amélie, comtesse de Figule, sa jeune épouse, le fait convoquer pour l’épreuve dite du Congrès où il devra, devant témoins, l’honorer bibliquement. En cas d’insuccès, elle demande la moitié des terres, propriétés et une rente à vie.
Le Marquis s’enquiert de ce qui ne va pas. François répond qu’en six mois de mariage l’envie de badiner ne l’a même pas effleuré. Il reste mou. Il désire ardemment que son ami trouve une solution.
Le Marquis est persuadé qu’il faut stimuler le cerveau pour mobiliser l’entrejambe. Et il entraîne, séance tenante, François à la rencontre de femmes susceptibles de réveiller sa libido. Mais le problème est grave car malgré de nombreuses tentatives auprès de belles tentatrices…
Le récit est découpé en quatre actes, à la manière d’une pièce de théâtre après un prologue gaillard sur les paroles de la chansonnette Au clair de la lune. Les dialogues flirtent avec les alexandrins et l’humour perle à chaque page. C’est parodique, enlevé, les propos sont lestes tout en évitant la vulgarité. Si les répliques sont cocasses elles ouvrent une réflexion sur la nature humaine et ses vicissitudes.
Le scénariste fait preuve d’une belle imagination à proposer toutes ces situations susceptibles de redonner vigueur au comte.
Le dessin de Nicolas Dumontheuil est caricatural, mais empreint d’une belle beauté dans ses excès. Néanmoins, les charmes féminins qu’il dévoile abondamment sont tout à fait attrayants. Son travail sur les décors est marquant, comme celui sur les costumes, accessoires…
L’Impudence des chiens se découvre avec beaucoup d’intérêt pour le sujet peu commun, peu abordé, pour la drôlerie et la richesse des dialogues, pour un graphisme particulièrement efficace.
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serge perraud
Aurélien Ducoudray (scénario) & Nicolas Dumontheuil (dessin et couleur), L’Impudence des chiens, Delcourt, coll. “Hors Collection”, août 2022, 80 p. — 19,99 €.