François-Henri Soulié, Requiem

De ter­ribles échos avec ce qui se passe aujourd’hui !

Avec Requiem, François-Henri Sou­lié clôt Occi­ta­nia, sa tri­lo­gie débu­tée par Angé­lus (2020), puis Mag­ni­fi­cat (2021) dans laquelle il veut rendre hom­mage à l’Occitanie.
Ainsi, en trois volumes et trois par­cours, il s’est atta­ché à explo­rer une his­toire riche, trop long­temps sim­pli­fiée quand elle n’était pas édul­co­rée et à rap­pe­ler ce que des per­son­nages illustres ont accom­pli, que des évé­ne­ments s’y sont dérou­lés impactent encore notre époque.

Ainsi, dans Angé­lus, le roman­cier s’est atta­ché à décrire en l’an 1165 les prin­ci­paux milieux sociaux qui jouaient un rôle plus ou moins grand. Outre l’omniprésente Église romaine, la che­va­le­rie, il porte son regard vers les arti­sans, des sculp­teurs sur pierre et sur les tenants d’une autre approche reli­gieuse, ceux qui seront appe­lés plus tard les Cathares.
Ces pré­sen­ta­tions se font autour d’une énigme retorse de deux crimes en deux jours.

Dans Mag­ni­fi­cat, qui prend pour cadre l’an 1177, il met en vedette la grande figure que fut Ermen­garde de Nar­bonne, une femme qui incarne tout à la fois une guer­rière, une poé­tesse, une entre­pre­neuse et une mécène.
Dans ce volume, l’auteur retient un angle qui lui offre la pos­si­bi­lité de mon­trer le pou­voir et son exer­cice à tra­vers les choix de la vicom­tesse et ceux de ces mar­chands qui our­dissent un com­plot. Il met en scène éga­le­ment les trou­ba­dours et les Cathares.

Avec Requiem, il place un pro­jec­teur sur des per­son­nages his­to­riques plus connus, tels ceux qui ont par­ti­cipé aux mas­sacres des Albi­geois comme Simon IV de Mont­fort et l’exécrable abbé Arnaud de Cîteaux. Il anime aussi Guil­hem de Mal­pas, un trou­ba­dour célèbre, Rai­mon de Termes, les fils de Simon et celui de Rai­mon…
Tout com­mence quand Alain de Roncy, pre­mier lieu­te­nant du comte de Mont­fort, qui a abusé de déli­cieuses prunes, aper­çoit un avant-bras fémi­nin émer­geant des excré­ments. Il se rend au bos­quet galant, là où sont réunies les pros­ti­tuées qui suivent l’armée en cam­pagne. Les femmes iden­ti­fient vite Renaude, l’une d’entre elles, par son bracelet.

Simon de Mont­fort a bien du mal à oublier les mas­sacres de Béziers et de Minerve. Mais, il lui faut pré­pa­rer la suite et mettre en œuvre le pro­chain siège pour faire tom­ber Caba­ratz (Caba­ret) défendu par Rai­mon de Termes.
Une seconde femme est retrou­vée noyée au bord de la rivière, puis c’est un croisé émas­culé qui est retrouvé assas­siné auprès de Cabaratz

François-Henri Sou­lié ins­talle son intrigue dans une période où les pro­ta­go­nistes  se pré­parent à vivre de nou­veaux assauts, de pro­chains mas­sacres. Il donne une recons­ti­tu­tion his­to­rique magni­fi­que­ment coor­don­née avec une gale­rie de pro­ta­go­nistes aux carac­tères admi­ra­ble­ment étu­diés, scru­tés avec une belle approche psy­cho­lo­gique.
Mais, il intègre des faits et des légendes, dénonce la poli­tique de Rome, démonte la stra­té­gie de l’Église pour s’assurer le mono­pole et la manière dont les papes et autres membres du clergé ont défi­guré la parole des anciens Grecs.

Cette tri­lo­gie se lit avec délec­ta­tion pour la richesse his­to­rique des pro­pos, les por­traits de per­son­nages qui gagnent à être mis en lumière et les intrigues sub­tiles qui portent les récits.

serge per­raud

François-Henri Sou­lié, Requiem, Édi­tions 10/18, coll. “Polar”, sep­tembre 2022, 468 p. — 16,90 €.

Leave a Comment

Filed under Chapeau bas, Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>