Habité de sa foi, Thibault Biscarrat efface le temps humain. Non que celui-ci prenne une couleur d’oubli mais parce qu’en lui comme dans le monde, tout se réunit dans le feu qui “couronne / celui qui marche dans la nuit” afin de porter la lumière.
Loin d’un égotisme qui nourrit tant d’œuvres, le poète, plutôt que de raconter à lui-même et aux autres sa propre vie, refuse ce type de ponctuations réduite pour que ce qui échappe au blanc de la page — même si s’y répand un peu de neige - structure la lumière en partage.
Continuant à éclaircir “ce qui fut / le sommet de ma vie” et qui le reste, l’auteur affirme l’ineffable. Celui-ci habite “la foudre / Dans la gorge du sacrifié”. Ce dernier chante les voix profondes qui s’engendrent les unes les autres.
Loin d’une littérature pleine de fantasmes, le texte va vers la lumière dans un échange total. Soustrait à tout calcul, l’expérience du sacré éclate là où l’auteur en ses énonciations continue de se débattre pour aboutir à une véritable révolution existentielle : celle qui élargit le champ de notre énigme.
Une telle œuvre ne s’arrête pas, ne se ferme pas là où l’épanouissement n’est jamais donné pour acquis. Face à tout ce qui n’est que provisoire et apparent, le langage assure l’insertion d’un témoin tourmenté et exalté.
Il poursuit sa tâche loin des mesquineries intellectuelles. Si bien que la pratique de l’écriture est de l’ordre de la véritable assomption comme de la poésie pure.
jean-paul gavard-perret
Thibault Biscarrat, Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Ars Poetica, 2022, 40 p. — 10,00 €.