Stephen Desberg et Alain Queireix, Miss Octobre — t.2 “La morte du mois”

Les play­mates sanglantes

Viktor Scott, la fille d’un magnat de Los Angeles, a été vic­time d’une ten­ta­tive de viol. Lors de cette agres­sion, elle a reçu un coup violent sur la tête qui l’a rendu tota­le­ment sourde et amné­sique pour les évé­ne­ments de cette nuit-là. Elle pra­tique, pour se dis­traire, le cam­brio­lage de haut-vol. Vik­tor a engagé Jua­nita Jones, une détec­tive, pour décou­vrir ce qui lui était arrivé cette fameuse nuit et qui s’en est pris à elle.
De jeunes et jolies femmes sont assas­si­nées. Leurs corps, muti­lés sont mis en scène comme les play­mates du mois. Le tueur a com­mencé par Miss Jan­vier. Il en est à Miss Mars. L’inspecteur Clegg Jor­dan, un poli­cier talen­tueux est sur l’affaire, ce qui déplaît à Ariel Sam­son, un jeune enquê­teur très ambi­tieux. Clegg mène une double vie avec Jua­nita alors que son épouse se pelo­tonne dans les bras d’Ariel. Vik­tor reçoit des mes­sages ano­nymes. Si le pre­mier res­tait vague, le second est expli­cite : « Si vous vou­lez son nom, ce sera cent mille dol­lars. »
Alors que la police pié­tine, la jeune femme se demande où trou­ver une telle somme. Elle pense sou­dain aux amis de son père, de richis­simes hommes d’affaires. Son choix se porte sur l’un d’eux. Mais, cet “emprunt” va déclen­cher une série de réac­tions en chaîne qui se révèlent dan­ge­reuses pour tous…

Ce second tome engendre plus de ques­tions qu’il n’apporte de réponses. L’histoire s’étoffe, se com­plexi­fie, les sus­pects se mul­ti­plient et le tueur est plus pré­sent bien qu’il échappe, encore, à ceux qui le traquent. Après la mise en place de son décor, dans le pre­mier volet, la pré­sen­ta­tion du cadre et des per­son­nages, le scé­na­riste, ici, appro­fon­dit l’enquête menée par la police et, par rico­chet, celle de l’héroïne. Outre le conflit entre la vieille et la jeune géné­ra­tion de détec­tives, l’auteur détaille les tur­pi­tudes des com­po­santes de cette société. Il revient sur la face hypo­crite de cette huma­nité bien-pensante, pos­ture de façade qui en masque les bas­sesses. Des­berg expose les ten­ta­tives de ceux qui ont réussi finan­ciè­re­ment à se construire une répu­ta­tion sans tâche, celle d’individus par­ve­nus où ils en sont par la seule force de leur tra­vail. Or, la célèbre phrase que Bal­zac, dans Le Père Goriot, selon laquelle à l’origine de toute for­tune il y a un crime, nour­rit les fic­tions, mais se véri­fie tous les jours… dans l’actualité.

Le scé­na­riste res­sus­cite avec talent, l’atmosphère des six­ties, met en scène toutes les com­po­santes de cette époque, des voi­tures de légende, aux acces­soires, l’habillement des femmes… Ste­phen Des­berg excelle à faire décou­vrir une cer­taine image des USA à tra­vers des récits en ten­sion. Le des­sin d’Alain Quei­reix, en la matière, est fort adroit et réa­liste. Il signe un gra­phisme d’une belle élé­gance, avec des per­son­nages fémi­nins d’une grande beauté, des décors et des angles de vues clas­siques mais effi­caces.
Une série au sujet attrac­tif avec de belles images et une très bonne his­toire. Que faut-il de plus ?

serge per­raud

Ste­phen Des­berg (scé­na­rio), Alain Quei­reix (des­sin), Kat­trin (cou­leurs), Miss Octobre, tome 2 : « La morte du mois », Edi­tions Le Lom­bard, coll. « Troi­sième vague », juin 2013, 48 p. -

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