Voix sans issue
Lorsque le public entre dans la salle, il découvre sur scène un espace impersonnel, manifestement installé pour recevoir du public, avec des éléments de mobilier diversifié. Des comédiens sont déjà présents, une bande-son nourrie venant peut-être de la télévision occupe l’espace sonore. L’infirmier d’un hôpital psychiatrique instaure un rapport familier avec ses pensionnaires.
Des ambiances diversifiées (luminosité, intempéries) sont figurées à travers la baie vitrée qui donne sur le jardin. Des vidéos présentent des images de personnes qui sont dans une autre pièce que celle qui constitue le plateau, ou des éléments de contexte comme la guerre en Syrie. La représentation est bien construite, mais elle reste peu dynamique, affectée par sa thématique trop redondante.
Chacun des personnages incarne de manière attachante un des aspects des pathologies mentales. Les discussions auxquelles on assiste permettent aux protagonistes d’entrer en relation avec eux-mêmes, à défaut de pouvoir communiquer avec les autres. On assiste à une série de non-événements, chacun restant enfermé dans son traumatisme.
En cela, malgré l’esthétisation du propos, la représentation apparaît sclérosée. Il s’agit certes d’un texte difficile, dont la dimension narrative est très faible, dont l’issue est fatale. On se demandait comment on allait en sortir ; eh bien nous n’en sortons pas. C’est ce qui est terrible : lorsqu’une issue apparaît, personne ne s’en saisit.
Un spectacle dense, constitué d’élucubrations verbales indéfinies, qui se finit par une décompensation.
christophe giolito
Kliniken
de Lars Norén
mise en scène
Julie Duclos
Avec Mithkal Alzghair, Alexandra Gentil, David Gouhier, Émilie Incerti Formentini, Manon Kneusé, Yohan Lopez, Stéphanie Marc, Cyril Metzger, Leïla Muse, Alix Riemer, Émilien Tessier, Maxime Thebault, Étienne Toqué.
Traduction Camilla Bouchet, Jean-Louis Martinelli, Arnaud Roig-Mora ; scénographie Matthieu Sampeur, collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel ; lumière Dominique Bruguière ; vidéo Quentin Vigier ; son Samuel Chabert ; costumes Lucie Ben Bâta Durand ; coordination technique Sébastien Mathé ; assistant à la mise en scène Antoine Hirel.
Au Théâtre de l’Odéon, place de l’Odéon, 75006 Paris.
https://www.theatre-odeon.eu/fr/saison-2021–2022/spectacles-21–22/kliniken
Du 10 au 16 mai 2022 du mardi au samedi 20h le dimanche 15h, durée 2h20.
Production L’in-quarto ; coproduction Théâtre national de Bretagne, Odéon-Théâtre de l’Europe, Les Gémeaux – scène nationale de Sceaux, Comédie de Reims, Théâtre de la Cité – centre dramatique national Toulouse Occitanie, Le Cratère – scène nationale Alès, Théâtre des Célestins – Lyon, Centre dramatique national Besançon Franche-Comté ; avec le soutien du ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles Île-de-France, de l’École d’art dramatique Lille / Tourcoing et de l’École du Théâtre national de Bretagne – centre européen théâtral et chorégraphique ; avec la participation artistique du Jeune théâtre national ; la compagnie est conventionnée par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles Île-de-France ; avec le soutien du Cercle de l’Odéon.
la pièce est publiée à L’Arche en 2007, sous le titre Crises, dans la traduction française de Camilla Bouchet, Jean-Louis Martinelli, Arnaud Roig-Mora.