La quinzaine de Paysages Insomniaques de Philippe Cognée mettent en évidence la force de la peinture figurative et son potentiel plastique infini.
Et ce, par un regard d’un être poreux au désenchantement de notre époque.
L’artiste a travaillé sur la banalité et la laideur de notre civilisation (supermarchés, autoroutes, immeubles) qu’il a su métamorphoser par un langage et une matière originale à base de cire, fondue et écrasée jusqu’au flou. Ses toiles proposent une déconstruction du regard en explorant les notions de “reconnaissable”, de mémoire et d’oubli dans une interrogation existentielle continue sur l’épuisement de l’image.
Désormais surgissent des paysages champêtres découpés en diptyques ou triptyques et déserts, figés dans une lumière étrange. Des champs de coquelicots ou de tournesols évoquent la nature mais de manière oppressante qui subjugue et inquiète à la fois.
La fixité est traversée de couleurs vives et inattendues sur des surfaces en dripping ou grattées.
Existe dans cette façon de travailler la peinture une résistance contre à la fois le réalisme et la superficialité. Les terres agricoles sont sauvages, les forêts tourmentées. Leur grandeur est en contraste avec la sensation de disparition imminente.
Chaque paysage naît du constat d’un irréconciliable malentendu entre la nature et les humains.
C’est une manière de souligner les mutations du monde et la relation à l’environnement sous le joug du changement climatique qui enveloppe nos sociétés. C’est aussi comme si l’artiste, pris par tant de beauté et autant abasourdi et sonné par son délabrement progressif, cherchait à suggérer un dernier choix : contempler la fin du monde ou agir.
jean-paul gavard-perret
Philippe Cognée, Paysages Insomniaques, Galerie Templon, rue Beaubourg, du 3 septembre au 9 octobre 2022.
OUI Philippe Cognée a su métamorphoser le quotidien par l’utilisation de la cire écrasée . Mais l’insomnie soeur de l’inquiétude révèle que le flou des œuvres est celui de la mutation du monde . JPGP en fait excellent commentaire composé .