La notion d’Amour prend ici une dimension christique. Roland Nadaus la développe à partir des photos de cérémonies religieuses bretonnes sous divers aspects et qui ne sont pas forcément intra-muros, dans des églises ou sanctuaires.
Solitaires ou perdus dans la foule, des croyants habités de leur foi semblent parfois fragiles, parfois “hercule de foi mais non de foire” comme le carillonneur qui ouvre ce livre. Par “celui qui en croix cria”, des femmes et des hommes cherchent l’espérance.
Elle est là, présente sans prosélytisme mais chaussée d’infini et en résistance à la mort qui nous est accordée le jour dit. D’où ce quotidien montré et médité là où très souvent ceux qui sont photographiés marchent jusqu’à diverses sources d’existence et qui, pour elles et eux, commença par leur baptême.
La notion de “Pardon” chère à l’architecture bretonne est là constamment en filigrane. Elle se décline selon divers espaces là où les humains touchent à la repentance et au progrès intérieur.
Êtres de foi et lieux de croyance jouissent désormais très peu de visibilité et de mots. Mais ils se retrouvent ici dans leur chrétienté. Si bien que se dessinent une iconologie, une histoire, une culture, une anthropologie et même une épistémologie.
Surgissent des situations de retrait sans la moindre affectation là où chacun vit moins avec l’angoisse de la disparition que l’appel à une disposition collective. Un sens archaïque ancré, plus que dans la mémoire, dans des valeurs intimes se retrouve à travers divers rites.
Une quête existentielle est partagée par le poète et le photographe auprès de celles et ceux qui deviennent une minorité dans la France contemporaine mais qui est rassemblée au sein de la Bretagne bretonnante.
jean-paul gavard-perret
Roland Nadaus, L’Amour ça brûle, mais ça illumine, photographies d’Yvon Kervinio, Edition L’Aventure Carto, Etel, septembre 2022, non paginé — 14,00 €.