Laissant son important studio de Manhattan, Jim Dine est devenu parisien d’adoption depuis une vingtaine d’années.
Souvent associé aux premiers happenings news yorkais puis aux heures glorieuses du pop art américain, il reste un indépendant qui revendique sa liberté formelle et expérimentale là où toutes matières se fondent et se confondent : par exemple la noblesse du bronze prend l’apparence du bois ou de la mousse industrielle.
Sculptures et toiles prouvent la richesse chromatiques d’oeuvres où aux haches ou aux morceaux de marteaux répondent des fragments de visages ou des formes de cœurs qui succèdent ici à ses Pinocchio et Vénus. Tout est à la fois simple et sophistiqué, brutal et délicat.
Et dans ses nouveaux travaux, Jim Dine étend encore sa puissance de créateur de formes.
Loin d’un romantisme de pacotille ou de symboles au rabais. il précipite subtilement dans une verticalité “ asymptotique ”. Par le jeu d’une telle proposition, l’artiste américain met l’accent sur l’essentiel : le manque qui anime tout mythe au nom de la perte et de l’absence impossibles à combler.
Et ce, dans la joie de créer. Dine rappelle qu’il existe dans toute image une dispersion fictionnelle de ce qu’il nomme “ l’hypothèse de rien ” à travers des émulsions plastiques capables de produire de surprenants coups de cœur.
jean-paul gavard-perret
Jim Dine, Grace and beauty, Galerie Templon, Paris du 15 septembre au 5 novembre 2022.