Il faut se méfier du titre du nouveau roman de Ravey. Surtout pour celles et ceux qu’un tel nom fait rêver ou qui connaissent le lieu.
La Sicile ici n’a rien de touristique et retrouve par la bande un côté quasi-mafioso.
Un couple, sur le point de se séparer, a décidé de s’offrir un voyage de possible réconciliation mais cela va provoquer une union inattendue. Ces odieux personnages louent une voiture et sur un chemin de terre percutent un “objet” non identifié.
Ils filent tout en décidant le lendemain de chercher un garage à Taormine pour réparer l’aile endommagée de leur véhicule.
Ce n’est pas leur meilleure idée mais elle initie un roman où tout absence d’effet devient une subtilité que Ravey caresse de fiction en fiction. Celle-ci, courte, n’est pas sa meilleure.
Néanmoins, ce thriller apparemment sans coupable, ni victime (enfin presque) reste un thriller d’un genre particulier.
Le lendemain de l’accident, les journaux font état de la mort d’un enfant de migrant, probablement renversé par une voiture. Mais les deux mariée=s — l’homme en particulier — cultivent un déni que, dans un premier temps, Ravey fait partager.
Très vite pourtant, l’évidence s’impose et voici les tourtereaux enclins à tout pour maquiller leur crime. Le réparateur-carrossier plus vénal que d’apparence compréhensif va modifier l’histoire en dépit d’un inspecteur à l’affût. Néanmoins le “renversement” final est des plus inattendu.s
jean-paul gavard-perret
Yves Ravey, Taormine, Editions de Minuit, Paris, 2022, 144 p. — 16,00 €.