La grande saga de la presse américaine
Gentlemind raconte le parcours d’une jeune artiste qui devient patronne de presse.
À force de travail, elle va faire de son journal un titre de presse à succès.
Waldo Trigo, cet avocat brillant retiré des affaires judiciaires, signe sous le nom de John Doe, l’Écrivain fantôme, des novella qui participent grandement au succès du journal. Afin de surfer sur ce succès, elle décide, contre l’avis du principal intéressé, de raconter son histoire dans une histoire, de lever peu à peu le voile sur la personnalité de ce personnage de papier. Celui-ci, furieux, disparaît. Fin de John Doe !
Si la réédition des anciens textes peut leurrer quelques temps les lecteurs, il faut trouver une solution. Et c’est Waldo qui, revenant, apporte une bouffée d’air à la revue tout en restant en retrait pour l’écriture. Mais…
Après un premier tome qui relatait les débuts de l’aventure éditoriale menée par Gina Powell qui hérite d’une revue en perte de vitesse, ce second tome ouvre sur une plus large époque qui s’étend jusqu’en 1975. Il fait vivre les grands bouleversements qui vont secouer cette époque ainsi que les répercussions sur le journal et sur ceux qui y travaillent. Les destins basculent.
Des romances naissent, mais les égos des uns et des autres font capoter ces rapprochements. C’est aussi l’équilibre précaire face à la publicité et à ses diktats, la guerre que se livrent les revues quand un journaliste du Team découvre la véritable identité de John Doe. Les auteurs abordent, avec Waldo, la difficulté de la création, les conditions dans laquelle elle peut s’exprimer, les contraintes qui l’éteignent.
Les dessins et couleurs sont l’œuvre d’Antonio Lapone. Le graphisme est original, très stylisé, l’auteur multipliant les angles vifs, oublieux des courbes, donnant plus des silhouettes qu’une présentation académique des personnages, avec des décors renforcés par de larges à-plats de couleurs contrastées, soutenues, fortes.
Le scénario est riche en péripéties, rebondissements et demande parfois une attention soutenue pour saisir toutes les subtilités distillées par ces deux scénaristes inspirés. Cette description d’un “rêve américain” vécu par une femme ne donne pas spécialement envie de l’approcher.
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serge perraud
Juan Díaz Canales (scénario), Teresa Valero (scénario) & Antonio Lapone (dessin et couleur), Gentlemind Épisode 2, Dargaud, février 2022, 72 p. –18,00 €.