Il faut toujours revenir au Norman Fucking Rockwell (2019) de Lana del Rey. C’est là sans doute son album le plus fort. Pas de triche dans ce jeu d’équilibre entre la pop musique et ce qu’elle en repousse selon une pression ironique.
Elle frôle bien des mythes lyriques et pop pour s’amuser avec eux de sa voix lancinante et grave qui réconcilie avec les artistes qui, quoique belles, font plus confiance à leur verve et intelligence qu’à leur dimension plastique.
La sensualité passe chez elle par la voix qui exprime le sérieux comme le dérisoire, de même qu’une certaine âpreté qui se mêle aux douceurs californiennes — même si chez elle, celles-là s’approchent de l’apocalypse.
Un tel soft-rock exprime la recherche d’un monde inconnu. Lana del Rey rive le clou à celui qui est devant elle. Elle dit son fait à Jay Z, Jeff Besos, Elon Musk et les autres clowns. Le tout de manière doucereuse et dans ce qui tient d’un subtil exploit pop que peu arrivent à atteindre. Elle, à l’inverse, le conjugue sans forcément chercher le spectaculaire.
jean-paul gavard-perret
Lana Del Rey, Norman Fucking Rockwell, Interscope Records.