Ulysse ne devrait pas être ici
Dans le le n° 3 (été 2022) de I Vagabondi, l’ensemble constitué d’un texte et de peintures de Jacques Cauda donne à cette revue de créations des deux rives de la méditerranée une puissance allégorique, poétique, sexuelle.
Dans cette version de l’Odyssée, ce n’est plus Ulysse qui tient le beau rôle mais Pénélope. Le premier est réduit à un personnage falot. De retour chez lui, il reste arrogant, macho, propre à donner des ordres mais les jeux sont faits.
Cela pourrait sembler la preuve que, lorsqu’il rentre, Pénélope n’a plus qu’à se soumettre à ce “fantôme aux joues maigres”. Mais avant son retour elle ne s’est pas contentée de filer la laine.
Elle aura savouré l’haleine des hommes dont le jaloux craignait la présence chafouine et violeuse près de sa belle, mais aussi de sa garde du corps qui, plus qu’une autre, aura parfaitement mérité ce nom.
A choisir et au retour de son amant elle aurait opté pour la vieille. Bonne fille toutefois, elle attire le mari décati jusqu’à sa chambre. Mais l’irréparable aura été commis et dans ce lit “au ciel bleu turquin” bien d’autres vertiges d’amour auront été commis.
Les dessins peints de Cauda en donnent un aperçu des plus drolatiques et rameutent un certain présent dans le passé. S’y découvre Pénélope, sa compagne et quelques portraits — pas forcément affriolants quoique bien membrés — de ceux qui auront honoré Pénélope. A savoir les types qui dansèrent nuits et jours sous ses fenêtres et l’auront baignée “sans le vin du jouir”.
Que demander de plus ?
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, “La chambre bleu turquin”, I Vagabondi n° 3, Edition du Scudio, Alata, 2022, 154 p. — 15,00 €.