Xavier Dorison & Mathieu Laufray, Long John Silver — t.4 : “Guyanacapac”

L’Île au tré­sor revi­si­tée de belle manière

Lady Vivian Has­tings erre, seule, dans les ténèbres quand Byron, son époux dis­paru l’interpelle. Ils ne sont plus que trois à suivre Long John Sil­ver dans les maré­cages en se deman­dant s’il sait où il va. Face à ce qui semble un cul-de-sac végé­tal, les pes­si­mistes triomphent. Mais, der­rière, ils découvrent la mys­té­rieuse citée tant convoi­tée. Au som­met de la pyra­mide géante se tient Moc, le mes­sa­ger de Byron. Il jette, dans le mari­got, une par­tie de la dépouille d’un chas­seur dis­paru. Le sang attire des varans géants.
Réfu­giés de jus­tesse à l’intérieur de l’édifice, les quatre hommes découvrent un champ de bataille jon­ché de cadavres d’Espagnols et un plan de la construc­tion. Ils repèrent, posi­tion­nés à des points stra­té­giques, des barils de poudre en quan­tité. Les Espa­gnols avaient décou­vert Guya­na­ca­pac, non pour le tré­sor, mais pour la détruire. Ce tré­sor n’est-il qu’une légende de plus ? Byron, hal­lu­ciné, veut sacri­fier l’enfant que porte son épouse au véri­table dieu qui a élu domi­cile en ces lieux. Long John a signé un contrat par lequel il s’engage à pro­té­ger Vivian…

Quatrième et der­nier volet d’une fresque ins­pi­rée par le chef-d’œuvre de Robert Louis Ste­ven­son, L’Île au tré­sor, dans laquelle on retrouve les prin­ci­paux pro­ta­go­nistes dans un par­cours bien dif­fé­rent. Outre l’hommage à un livre : “…qui ne cesse de nous émer­veiller depuis notre enfance.”,  c’est aussi une manière de renouer avec le récit d’aventures. On retrouve, ainsi, avec un immense plai­sir ces sagas qui jetaient dans l’inconnu des hommes prêts à tout pour chan­ger d’univers, pour explo­rer des mondes vierges à la pour­suite d’un Graal connu uni­que­ment d’eux.
Les auteurs, dans ce volet, à la fois fan­tas­tique et apo­ca­lyp­tique, mettent leurs acteurs à rude épreuve. Dans une pyra­mide sym­bo­lique, les uns et les autres vont décou­vrir leurs véri­tés, com­prendre leurs moti­va­tions et aller jusqu’au bout de leurs rêves, même si le prix à payer est disproportionné.

Mathieu Lauf­fray assure le gra­phisme (des­sin et cou­leur) depuis le début de la série en 2007. Il par­ti­cipe éga­le­ment à l’écriture du scé­na­rio car, impli­qué tota­le­ment dans ce pro­jet, il sou­haite faire état de ses idées sur l’évolution du récit, sur la suc­ces­sion des péri­pé­ties. Ce créa­teur aux talents mul­tiples, qui vont de l’illustration à la bande des­si­née en pas­sant par le design pour le cinéma et le jeu de rôles, offre dans ce qua­trième album un des­sin d’une maî­trise abso­lue.
Au détour d’une page, il rend hom­mage à un des grands maîtres du des­sin d’exception, à savoir Phi­lippe Druillet, dont il est, d’ores et déjà, le digne héri­tier, pos­sé­dant le même talent pour des décors ori­gi­naux et gran­dioses. On est face à un “Opéra de papier”.
Une rumeur se pro­page qui relate que ces deux créa­teurs, au talent si sin­gu­lier, poussent des recherches sur Long John, ce per­son­nage de légende, pour de nou­velles révé­la­tions. Mais, ce n’est qu’une rumeur… En atten­dant un hypo­thé­tique retour du héros, régalons-nous avec cet album excep­tion­nel à tous points de vue.

serge per­raud

Xavier Dori­son & Mathieu Lauf­fray (scé­na­rio), Mathieu Lauf­fray (des­sin et cou­leur) Long John Sil­ver, T 4 : “Guya­na­ca­pac”, Dar­gaud, avril 2013, 56 p. – 13, 99 €.

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