Pour explorer le monde, Jean Rolin ouvre de manière inattendue : “Lorsque Dieu a créé le lapin, s’attendait-il à ce qu’on le retrouve si nombreux, de nos jours, à Aulnay-sous-Bois?”.
A partir de là tout est possible. Même si de Bondoufle, commune pavillonnaire et périphérique de l’Essonne, il sera peu question.
L’auteur l’aura traversée dans le but prophylactique de découvrir l’Ile-de-France côté jardin, même sous l’aspect peu engageant d’un champ de maïs desséché ou d’un chemin sans issue. Rolin fait partie de ces curieux qui, au même titre que Marianne Alphand (mais selon un autre principe), quittant Paris, visite ses larges périphéries, au-delà même de la simple banlieue.
Dans ce potage visuel, le paysage mêle la ville et la campagne, ou leurs succédanés. Une telle zone reste floue entre urbanisme, agricultures, espaces sauvages ou à l’abandon.
L’odyssée est particulière et permet de découvrir un monde souvent mal vu, mal dit entre rocades, chantiers, zones pavillonnaires et industrielles forêts et chemins.
Un tel périple n’est pas forcément commode et absurde là où le “pays” prend des aspects aussi comiques que désespérés.” Entre un champ de céréales et un quartier pavillonnaire, je remarquai un détail qui m’avait échappé jusque-là, bien qu’il appartînt aussi à cette limite, et qui était, monté sur un poteau, un distributeur de sachets d’hygiène canine.”
Nous entrons ainsi dans des espaces de déréliction.
Et si rien n’a lieu que le lieu, celui-ci est largement déprimant tant il est défait.
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jean-paul gavard-perret
Jean Rolin, La Traversée de Bondoufle, P.O.L éditeur, juillet 2022, 208 p. — 19,00 €.