Jean-Charles Gaudin & Steven Lejeune, Au Nom du pain — Époque 1 : Pain noir 1939–1944, t.01 : “Marcelin”

Une saga fami­liale historique 

C’est autour du pain, cet ali­ment simple et essen­tiel, que Jean-Charles Gau­din conçoit une dra­ma­tur­gie en deux cycles de deux albums.

Un offi­cier alle­mand féli­cite Mar­gue­rite pour la saveur de son pain et dis­serte sur la repré­sen­ta­tion et l’importance de cet ali­ment jusqu’au moment où une sil­houette mena­çante appa­raît.
L’action se déporte de quelques années dans le passé quand la famille Mar­ti­neau arrive à Saint-Jean pour ouvrir une nou­velle bou­lan­ge­rie. Le couple a deux enfants, Mar­ce­lin et Monique, des jumeaux. Leur arri­vée n’est pas bien vue par celui qui est déjà installé.

Si les pre­miers jours les clients res­tent invi­sibles, le bouche-à-oreille ini­tié par Mme Lacore, la pre­mière qui ose fran­chir la porte de du maga­sin, porte ses fruits et tous s’accordent à dire que le pain est meilleur. Les affaires marchent bien au point d’ouvrir un second maga­sin près de la plage. Les enfants sont heu­reux, mais les nou­velles ne sont pas bonnes.
C’est la décla­ra­tion de guerre, la mobi­li­sa­tion du père et Mar­gue­rite qui, for­mée par son mari, prend le relais. L’arrivée de réfu­giés arden­nais bous­cule les situa­tions, mais pas autant que celle de l’armée alle­mande, le 21 juin 1940.
Mar­gue­rite va devoir com­po­ser avec ces nou­velles situa­tions jusqu’au moment où…

C’est une période dif­fi­cile que retient le scé­na­riste pour com­men­cer sa pre­mière époque dans un cadre qui se vou­lait pour­tant char­mant. Un vil­lage côtier, des habi­tants qui, mal­gré les menaces venant d’Allemagne, mènent une vie agréable. La famille Mar­ti­neau s’en sort bien et les enfants, dans ce décor, sont heu­reux. C’est une chro­nique vil­la­geoise avec sa diver­sité.
La guerre modi­fie pro­fon­dé­ment le quo­ti­dien et l’auteur enchaîne les évé­ne­ments, fai­sant inter­ve­nir de nou­veaux pro­ta­go­nistes. C’est dans ce contexte qu’un bas­cu­le­ment s’opère, traité avec une belle maî­trise par le scé­na­riste. Il intro­duit des don­nées qui déchaînent des bou­le­ver­se­ments tant dans la société vil­la­geoise que chez des indi­vi­dus. Il déve­loppe ceux-ci avec adresse comme les consé­quences du départ des hommes pour le front, pour les com­bats, pour la mort avec obli­ga­tion, pour ceux qui res­tent, de les rem­pla­cer.
En page titre, les auteurs placent une affiche qui résume fort bien ce que repré­sen­tait le pain à cette époque de disette.

Steven Lejeune pour le des­sin et Roberto Bur­gaz­zoli Cabrera pour les cou­leurs assurent un gra­phisme à la tona­lité très clas­sique, réa­liste. Un pre­mier album pas­sion­nant pour cette chro­nique vil­la­geoise qui bas­cule dans quelque chose de bien plus dan­ge­reux pour les uns et les autres.

serge per­raud

Jean-Charles Gau­din (scé­na­rio), Ste­ven Lejeune (des­sin) & Roberto Bur­gaz­zoli Cabrera (cou­leur), Au Nom du pain — Époque 1 : Pain noir 1939–1944, t.01 : “Mar­ce­lin”, Glé­nat, coll. “24x32”, avril 2022, 56 p. – 14,95 €.

 

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