M. J. Arlidge propose la neuvième enquête de son héroïne, la commandante Helen Grace du bureau des affaires criminelles de Southampton, une femme au lourd passé, qui mène ses recherches tambour battant.
En fin de journée, Justin Lanning quitte son opulent bureau et prend l’ascenseur pour retrouver la voiture privée avec chauffeur qui le ramènera dans la demeure qu’il partage avec Adam. L’ascenseur se bloque et une voix masculine lui murmure qu’il ne lui reste qu’une heure à vivre.
Helen Grace se mesure, par motos interposées, à Joseph Hudson, l’homme qui a su se glisser dans son intimité.
Dans la voiture, Justin s’inquiète car la route suivie n’est pas la bonne. Mais le véhicule s’arrête sur un chantier. Il est extirpé violemment du véhicule.
Au matin, alors qu’Helen et Joseph échangent des confidences, elle est appelée car il y a un cadavre. Parce qu’il est sur la liste des portés disparus, l’identité du mort est trouvée. Il s’agit de l’un de ces lycéens qui, il y a huit ans, ont été séquestrés et torturés par Daniel King, un tueur en série. Sur les cinq, quatre ont pu s’échapper. S’ils ont eu du mal à se remettre des traumatismes, leur situation a bien évoluée. Justin avait réussi dans une affaire en lien avec des compagnies pétrolières, Maxine a écrit un livre sur leur aventure, livre qui s’annonce comme un best-seller. Par contre, Callum et Fran sont restés très marqués. Rachel est morte.
Alors qu’elle doit faire une présentation de son livre, Maxine reçoit un appel lui annonçant qu’il ne lui reste qu’une heure à vivre…
Cette fois, Helen doit faire face à une menace qui plane sur un groupe de jeunes gens qui ont vécu, il y a huit ans, des événements terrifiants. Si les victimes potentielles sont donc connues, il faut traquer le tueur. Or, celui qui les avait terrorisés a complètement disparu après l’incendie de sa maison.
Le romancier passe en revue les mécanismes des enquêtes et raconte, par le bais d’extraits du livre de Maxine, ce qui s’est passé dans les premières heures de la captivité des adolescents. C’est ainsi que le lecteur découvre le cadre dans lequel se sont déroulés les faits. Le groupe participait à un concours pour leur collège-lycée de Southampton, le Prix du duc d’Édimbourg. Une suite de déboires climatiques et de maladresses, les obligent à trouver un refuge. Toutefois, c’est la version de l’auteure, qui n’est peut-être pas totalement la vérité.
C’est aussi la vie de l’héroïne, vie professionnelle certes, mais aussi vie sentimentale. L’auteur fait part de ses interrogations quant à la personne pour qui elle ressent de l’intérêt, mais aussi la vie de ses proches comme Charlie Brooks qui est enceinte et proche de l’accouchement.
L’introduction d’un personnage ténébreux en la personne du capitaine Hudson va, sans nul doute, poser de nouveaux problèmes à Helen dans tous les domaines.
Le récit s’attarde à décrire la façon dont les survivants ont pu, ou n’ont pas pu, surmonter les séquelles avec des éléments psychologiques passionnants. Bien sûr, Emilia Garanita, cette journaliste très fouineuse, fait des siennes pendant l’enquête. Quelques intrigues secondaires, des fausses pistes, des suspects qui, bien que pratiquant des activités très douteuses, ne sont pour rien dans l’affaire.
Et M. J. Arlidge, avec un art du récit, renforce celui-ci par une succession de courts chapitres, 134 pour quelque 480 pages de texte.
Ce roman, superbement construit, s’il se termine par un dénouement à la hauteur de ce que sait faire Helen Grace, maintient une tension glaçante.
serge perraud
M. J. Arlidge, 60 minutes (All Fall Down), traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Séverine Quelet, Les Escales, coll. Noires, février 2022, 496 p. – 22,00 €.