Pessoa nous ramène au temps de l’empereur romain Hadrien. Celui-ci veille sur son amant et favori Antinoüs qui vient de se noyer dans le Nil.
Ce fait (historique) fut d’ailleurs repris par Marguerite Yourcenar dans Mémoires d’Hadrien — mais elle ne fut pas la seule.
Cette nouvelle traduction épouse au mieux le texte de Pessoa, écrit dans un anglais élisabéthain. S’y découvre une suite de masques de la part d’un auteur qui n’a cessé d’en jouer par — et entre autres — ses hétéronymes.
La scène est dès le départ figée et ne changera pas. Pessoa en transcrit la substance intime en entrant dans l’intériorité des émotions d’Hadrien. Toutefois, ce n’est plus un empereur qui pleure son amant mais un homme démuni par la perte qui le met en équilibre entre colère, révolte et acceptation.
Le poème mêle l’érotisme et une métaphysique de l’amour. Hadrien va peu à peu émerger et trouver un nouvel horizon pour lui et son amour. Il découvre le moyen de se sauver de l’anéantissement pour traverser et transcender le temps au nom du “véritable amour de l’amour” et son mystère.
jean-paul gavard-perret
Fernando Pessoa, Antinoüs, Yvan Quintin Editions ErosOnyx, coll. Classiques, édition bilingue, trad. anglais (alexandrins), 2022, 88 p. — 14,00 €.