Pierre-Olivier Lambert, Les carnets tchanqués

Ivre res­sac

Pierre-Olivier Lam­bert reprend à son compte le tanka, forme de la poé­sie tra­di­tion­nelle plus vielle que le haïku, dont il est un ancêtre. La pra­tique du tanka était réser­vée à la Cour impé­riale, et toute per­sonne infé­rieure sur­prise à le pra­ti­quer le tanka était condam­née à mort.
Aujourd’hui, il est tou­jours pra­ti­qué dans la lit­té­ra­ture comme dans les écoles japo­naise. Le tanka clas­sique est tou­jours consi­déré au Japon comme la forme la plus éle­vée de l’expression lit­té­raire, ainsi qu’en lit­té­ra­ture contem­po­raine, autant au Japon que dans le monde. Chez les fran­co­phones, la Revue du tanka fran­co­phone de Mont­réal (Qué­bec) en fit la promotion.

Le tanka est un poème construit en deux par­ties, la seconde venant confor­ter la pre­mière. Un tanka sou­cieux du res­pect des règles ori­gi­nelles doit ainsi mar­quer une légère pause entre les deux et ne trai­ter que d’un seul sujet à la fois. Il peut ques­tion­ner mais ne donne aucune réponse.
De plus, le tanka est basé sur l’observation, non sur la réflexion. Et Pierre-Olivier Lam­bert répond par­fai­te­ment à de telles règles comme le prouve l’exemple sui­vant : “la rafale / a menti / aux flots / j’ai suivi /sa rancœur”.

L’obser­va­tion et la des­crip­tion ont comme base ici le Bas­sin d’Arcachon et ses pay­sages. L’auteur leur accorde par un tel genre une vision nou­velle, entre réa­lisme et abs­trac­tion. Dans chaque poème, suc­cède sou­vent à une impres­sion visuelle ou sen­so­rielle l’expression d’une émo­tion ou d’un sen­ti­ment.
Par­fois aussi, Lam­bert laisse le plus libre cours à la chose vue — mais selon une impres­sion inédite. Si bien que, en étant tou­jours en place, le Bas­sin évoque une vision qui le fait déri­ver. Et ce, par des détails sou­vent inat­ten­dus et jusque-là lais­sés pour compte.

Un tel mal vu trouve ici un bien dit. Voire plus.

lire notre entre­tien avec l’auteur

jean-paul gavard-perret

Pierre-Olivier Lam­bert, Les car­nets tchan­qués, illus­tra­tions de Corinne Pau­gaud, Ars Poe­tica, 2022, Bor­deaux, 130 p.- 18,00 €.

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