Opération motus
Curieuse destinée de ce qui devrait être l’avant-dernier film de Woody Allen. Jadis adulé, le voici non jeté aux orties mais pire : ignoré. Non seulement le film a été distribué comme à la sauvette dans l’été, mais les critiques jadis bavards l’ont remarqué du bout des lèvres.
Preuve que le wokisme joue bien son rôle d’idéologie “morale”. La vertu suscite la terreur. Et dans une époque où la Nupes emboîte le pas à Robespierre, Woody Allen devient un Vendéen. Certes, on ne demande pas encore sa tête mais de son film il ne peut être question ou presque.
Il s’agit pourtant d’un Allen pur jus, genre comédie légère dont le cinéaste est le maître. Un couple d’Américains se rend au Festival du Film de Saint-Sébastien et tombe sous le charme de l’événement, de l’Espagne et de la magie du cinéma.
L’épouse file, sinon le grand amour, du moins une liaison avec un brillant réalisateur français (incarné superbement par Louis Garrel). Le mari trahi (Wallace Shawn,) et double d’Allen, repense aux génies du septième art (Ingmar Bergman, Federico Fellini, Luis Buñuel, François Truffaut, Claude Lelouch, Jean-Luc Godard) et va se consoler dans les bras du docteur Jo Rojas (Elena Anaya), dont la sensibilité et les goûts se révèlent proches des siens. Il va alors appréhender la vie sous un angle plus optimiste et revivre les moments marquants de son existence via le prisme de son amour pour les grands classiques du cinéma.
Tout cela ne mange pas de pain mais se déguste comme une pâtisserie. Pour autant, le film est distribué de manière presque cachée . Certains responsables de salles, craignant d’ailleurs des réactions militantes envers le réalisateur, ont limité la diffusion de l’oeuvre.
Ainsi, ce vaudeville léger, élégant et mélancolique aux allures testamentaires (ponctué de scènes en noir et blanc), s’il n’offre pas de surprises, révèle une fois de plus l’instinct caricatural d’un Woody Allen honni ou presque mais qui n’a rien d’empaillé et garde sa verve, son savoir-faire et son univers.
jean-paul gavard-perret
Rifkin’s festival
Par : Woody Allen
Avec : Wallace Shawn, Elena Anaya, Gina Gershon
Genre : Comédie, Romance
Durée : 1H32mn
Sortie en salles (mais pour combien de temps ?) : 13 juillet 2022
Synopsis
Un couple d’Américains se rend au Festival du Film de Saint-Sébastien et tombe sous le charme de l’événement, de l’Espagne et de la magie qui émane des films. L’épouse a une liaison avec un brillant réalisateur français tandis que son mari tombe amoureux d’une belle Espagnole.
Le cinéphile cultivé est comblé par ce Woody Allen vintage . Mais en 2022 , malgré le très actuel Louis Garrel , la comédie offre un parfum suranné un peu vieillot . Aux jeunes citoyens d’apprécier les anciens !