Pour un huis, pour un nom (“Léthé des passions” — 9)

Faire l’amour dit-on aide à s’endormir. Alors tan­dis que le soir glisse sous les portes mais qu’il fait jour encore sur la table de verre, il attend son pas dans le jar­din. C’est là à la fois un lan­cer et un par­cours. C’est comme s’il adve­nait de lui-même. Mais com­bien d’effort pour une telle conquête et un tel che­min de traverse ?

Il sera par­couru et fondu de mots enchan­tés pour que se révèle un monde extra­or­di­naire en des fron­tières dont les deux enti­tés s’articulent tan­tôt vio­lem­ment, tan­tôt de façon har­mo­nieuse mais tou­jours au seuil, au seuil infini que chaque bai­ser renou­velle. Dans le lit, ce qui est a priori par­fai­te­ment immo­bile devient ambu­la­toire au plus haut point à qui dépasse par­fai­te­ment ce qui passe et repasse tout en fai­sant sem­blant d’être curieu­se­ment dépassé par ce qui bouge dans un être.

Chacun glisse en cha­cun dans la pièce obs­cure où le tour­billon habite chaque coin de la pièce et enva­hit fol­le­ment en cha­cun. Là le gey­ser au beau milieu du mal­gré tout. Il était jusque-là par­fai­te­ment immuable mais par petits bonds plus rien ne semble pou­voir s’arrêter au beau milieu de ce qui s’arrête mal­gré tout au-dessous, au-dessus.
Les amants n’ont plus de non mais seule­ment des oui, oui, oui. C’est ainsi que sans non tout se passe par oui dire.

jean-paul gavard-perret

Photo de Har­vey Stein

1 Comment

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One Response to Pour un huis, pour un nom (“Léthé des passions” — 9)

  1. Anne Marie Carreira

    Excellent texte!

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