Michèle Cotta & Robert Namias, Le brun et le rouge

 Une fic­tion ?

Dans un pre­mier roman - Fake News - les auteurs décri­vaient l’Affaire Ber­lau, quand le Pré­sident en titre doit démis­sion­ner suite à de fausses infor­ma­tions ini­tiées par Tramp. Celles-ci révé­laient que la cam­pagne, pour son élec­tion, avait été finan­cée par des fonds ira­niens.
Ils pour­suivent leur explo­ra­tion de la classe poli­tique fran­çaise en ame­nant l’extrême-droite au pou­voir suprême. Ils mettent en scène les bal­lets des poli­tiques avec la consti­tu­tion du gou­ver­ne­ment où les affi­dés de la pre­mière heure trouvent place comme des oppor­tu­nistes de tous crins.

En mars 2028, la jeune pré­si­dente, Char­lotte Des­pe­noux, tra­verse Paris, une ville morte tant les menaces d’attentats consti­tuent l’ordinaire d’une police omni­pré­sente. Pour­tant, ce 18 mars, elle a matière à être satis­faite. Dans un pays bal­loté de toutes parts, en quasi-cessation de paie­ment, le ral­lie­ment de Jacques Lec­cia, le maire de Nice obtenu par Pierre Mazau­det, le ministre de la Police, est une bonne nou­velle.
Mais, quelques ins­tants plus tard, le Pre­mier ministre, Durand-Corbel, lui télé­phone pour lui annon­cer l’assassinat de Mazau­det pris dans une embus­cade alors qu’il sor­tait du res­tau­rant où il déjeu­nait avec Leccia.

C’est Marianne Maes­tracci, nom­mée à la tête de la Crim’ par Mazau­det, qui se rend sur les lieux séance tenante. Et les pre­mières étapes de l’enquête ramènent au début du quin­quen­nat quand, bous­cu­lant tous les pro­nos­tics, Char­lotte du parti La France d’Abord, bat son adver­saire du centre et de droite.
Ce sont les pre­mières repré­sen­ta­tions, la mise en place du gou­ver­ne­ment, l’alliance avec Malin­gaud et l’extrême-gauche…

Cer­taines pro­messes pour les Fran­çais sont tenues comme les mini­mas sociaux qui aug­mentent de 30 %, l’âge de la retraite qui revient à 60 ans… Mais la réa­lité détruit vite le rêve et les dif­fi­cul­tés de toutes natures s’invitent avec pour consé­quences des tours de vis sur les liber­tés, une police omni­pré­sente, le ver­rou sur l’information, bref tout l’attirail du par­fait régime dic­ta­to­rial. Après les sou­rires était venu le temps des ric­tus.
Et les oppo­sants sont de plus en plus nom­breux, déter­mi­nés. C’est une réponse forte aux exac­tions gou­ver­ne­men­tales avec des atten­tats, des sabo­tages, œuvre du Front du Non

S’ils mènent un tra­vail roma­nesque, les auteurs décrivent aussi par le menu, en vieux rou­tards des médias frot­tés à des décen­nies de ges­ti­cu­la­tion, les rouages de la Répu­blique. Puis, ils exposent le dévoie­ment des struc­tures avec des déci­sions dic­ta­to­riales comme la dis­so­lu­tion du Sénat, la sup­pres­sion du Conseil consti­tu­tion­nel et la consti­tu­tion d’une sorte de Cour suprême à l’image de celle des USA
Ils font usage d’images par­lantes nour­ries de l’actualité, de phrases chocs résu­mant à mer­veille les situa­tions comme … “…avaient appelé leurs sou­tiens au res­pect de l’adversaire, un mot qui sem­blait avoir dis­paru du dic­tion­naire…”, “Et puis l’épuration a ceci d’ennuyeux, qu’elle met sou­vent sur la touche des meilleurs…”, “…le pré­sident russe qui lui avait apporté un sou­tien sans faille, son­nant et tré­bu­chant, durant toute sa cam­pagne.”, “Et ce sont les sui­cides, les pié­tons ren­ver­sés, les acci­dents de voi­ture et même des infarc­tus ter­ras­sants des gens bien por­tant…

On retrouve avec grand plai­sir des per­son­nages du roman pré­cé­dent comme Marianne Maes­tracci, Blanche Dubois, cette jour­na­liste admi­rable pour défendre la vérité… Certes, les per­son­nages poli­tiques croi­sés dans le livre res­semblent à ces poli­ti­ciens qui occupent les médias, même si cha­cun est com­posé de plu­sieurs de ces individus.

Michèle Cotta et Robert Namias pro­posent un récit d’une telle cohé­rence qu’on a l’impression de se retrou­ver dans les années 2030 à lire un récit d’histoire récente.
Magnifique !

feuille­ter le livre

serge per­raud

Michèle Cotta & Robert Namias, Le brun et le rouge, J’Ai Lu n° 13390, coll. “Thril­ler”, février 2022, 384 p. – 8,30 €.

Leave a Comment

Filed under Chapeau bas, Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>