Dans un premier roman - Fake News - les auteurs décrivaient l’Affaire Berlau, quand le Président en titre doit démissionner suite à de fausses informations initiées par Tramp. Celles-ci révélaient que la campagne, pour son élection, avait été financée par des fonds iraniens.
Ils poursuivent leur exploration de la classe politique française en amenant l’extrême-droite au pouvoir suprême. Ils mettent en scène les ballets des politiques avec la constitution du gouvernement où les affidés de la première heure trouvent place comme des opportunistes de tous crins.
En mars 2028, la jeune présidente, Charlotte Despenoux, traverse Paris, une ville morte tant les menaces d’attentats constituent l’ordinaire d’une police omniprésente. Pourtant, ce 18 mars, elle a matière à être satisfaite. Dans un pays balloté de toutes parts, en quasi-cessation de paiement, le ralliement de Jacques Leccia, le maire de Nice obtenu par Pierre Mazaudet, le ministre de la Police, est une bonne nouvelle.
Mais, quelques instants plus tard, le Premier ministre, Durand-Corbel, lui téléphone pour lui annoncer l’assassinat de Mazaudet pris dans une embuscade alors qu’il sortait du restaurant où il déjeunait avec Leccia.
C’est Marianne Maestracci, nommée à la tête de la Crim’ par Mazaudet, qui se rend sur les lieux séance tenante. Et les premières étapes de l’enquête ramènent au début du quinquennat quand, bousculant tous les pronostics, Charlotte du parti La France d’Abord, bat son adversaire du centre et de droite.
Ce sont les premières représentations, la mise en place du gouvernement, l’alliance avec Malingaud et l’extrême-gauche…
Certaines promesses pour les Français sont tenues comme les minimas sociaux qui augmentent de 30 %, l’âge de la retraite qui revient à 60 ans… Mais la réalité détruit vite le rêve et les difficultés de toutes natures s’invitent avec pour conséquences des tours de vis sur les libertés, une police omniprésente, le verrou sur l’information, bref tout l’attirail du parfait régime dictatorial. Après les sourires était venu le temps des rictus.
Et les opposants sont de plus en plus nombreux, déterminés. C’est une réponse forte aux exactions gouvernementales avec des attentats, des sabotages, œuvre du Front du Non…
S’ils mènent un travail romanesque, les auteurs décrivent aussi par le menu, en vieux routards des médias frottés à des décennies de gesticulation, les rouages de la République. Puis, ils exposent le dévoiement des structures avec des décisions dictatoriales comme la dissolution du Sénat, la suppression du Conseil constitutionnel et la constitution d’une sorte de Cour suprême à l’image de celle des USA…
Ils font usage d’images parlantes nourries de l’actualité, de phrases chocs résumant à merveille les situations comme … “…avaient appelé leurs soutiens au respect de l’adversaire, un mot qui semblait avoir disparu du dictionnaire…”, “Et puis l’épuration a ceci d’ennuyeux, qu’elle met souvent sur la touche des meilleurs…”, “…le président russe qui lui avait apporté un soutien sans faille, sonnant et trébuchant, durant toute sa campagne.”, “Et ce sont les suicides, les piétons renversés, les accidents de voiture et même des infarctus terrassants des gens bien portant…”
On retrouve avec grand plaisir des personnages du roman précédent comme Marianne Maestracci, Blanche Dubois, cette journaliste admirable pour défendre la vérité… Certes, les personnages politiques croisés dans le livre ressemblent à ces politiciens qui occupent les médias, même si chacun est composé de plusieurs de ces individus.
Michèle Cotta et Robert Namias proposent un récit d’une telle cohérence qu’on a l’impression de se retrouver dans les années 2030 à lire un récit d’histoire récente.
Magnifique !
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serge perraud
Michèle Cotta & Robert Namias, Le brun et le rouge, J’Ai Lu n° 13390, coll. “Thriller”, février 2022, 384 p. – 8,30 €.