Prés en bulle et autres plages (“Léthé des passions” — 5)

Culbutes dans les foins cou­pés. Se sautent ainsi bien des haies cares­sées jusqu’à l’inquisition pour qu’Éros avoue tout. Cela vient de loin : et loin, ce sont celles qui s’avancent en cotillon de foin et de rires.
Les hommes sentent leur sang dan­ser et crient : “Oh bac­chantes venez !”  Cha­cun est nu comme une dent qui mord.

Puis, une modeste dou­ceur prend dans les mol­lets après le divin trem­ble­ment. Se sont bot­te­lées bien plus que de fau­nesques illu­sions. Se sont gla­nés quelques bouts de cor­po­réité — preuve indé­fec­tible que dieu réside en soi lorsque que le veut une com­pagne au pro­fane par­fum d’Andalouse.
Si bien que le sens rou­git tou­jours quand s’évoque une envie de corps, de sueur, d’étreinte. Le foin coupé que les filles et les défro­qués ont remué prouve qu’il existe de ces moments qui se comptent trop sou­vent sur les doigts d’une seule main.

Il s’agit en quelque sorte de labou­rer la gram­maire des choses là où la langue se perd dans autre chose que le corps d’un texte. Car l’écriture louche tou­jours vers le lieu où la langue retourne les herbes sèches des mots.
Ils érigent sou­dain la vie en prin­cipes d’écriture ouverts sur l’obscur. Ce qui met à mal toute mas­tur­ba­tion intel­lec­tuelle d’une tra­di­tion mortifère.

jean-paul gavard-perret

Photo de David Dubnisky

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